CADRA 21 épisode 3
A propos du personnage principal
PREFACE
Pour faire de bons personnages , il faut paraît-il savoir regarder autour de soi .Très bien, regardons donc dans l'administration par exemple.
Et que voyons nous? Hein? Réponse: des gens que nous détestons déjà. Des supporters, des syndicalistes, des gauchos sortis de l'oeuf, des mères possessives et castratrices, des caractériels, des dépressifs, des carriéristes, des mecs qui ont mis leurs virilités dans leur superbe bagnole, et en plus ils sont pas beaux et on arrive même plus à y caser des frustrés et aigris comme moi. C'est triste.
C'est vrai, les gens normaux mettent leur survêtement pour regarder un film où le héros est un ballon qui combat 22 figurants, puis ils s'affalent pour rire avec la France entière devant les " guignols ". On se sent moins seul quand on comprend tous la même blague pour potes mong's (remarquez on ne peut pas leur reprocher de faire dans l'élitisme) Et puis on peut regarder ça avec ses enfants (pour qu'ils vous expliquent pourquoi c'est " drôle").Il faut reconnaître que le foot ça fédère, on se sent du même coup partie active de la vie politique de notre grand et valeureux pays qui a gagné la coupe du monde pour qu' un néo-nationalisme puisse naître. On peut de nouveau saluer des drapeaux sans honte comme dans le bon vieux temps, et ridiculiser ses adversaires. Ca y est l'homme retrouve son essence de primate belliciste: Il est heureux.Mais attention monsieur, on est de gôôôôche, on a une conscience politique, on est solidaire, on est même inscrit à un syndicat (la preuve par cent qu'on est de gauche). On fait parti des "gentils" de la politique, monsieur. Avec leur bonne conscience, ces moutons vont voter avec une constance hallucinante un "parti gentil" pour aller cracher un peu plus tard sur ses collègues, quitte à jouer les Napoléon de carnaval au bureau au nom d'un pseudo idéal de travail ou d'un quelconque progrès tout aussi illusoire que l'utilité de leur petit bulletin d'un dimanche où ils avaient enfin quelque chose à faire.
Dans cette masse de crabes grouillants, les faibles craquent et font des dépressions à chaque occasion (comprenez par là des nuages gris dans le ciel). Les forts en profitent pour dominer et former des clans afin de surtout pas changer quoi que ce soit (à part la couleur des surligneurs ou quelque chose d'essentiel dans ce genre là) et les autres qui n'en n'ont rien à foutre, laissent tout ce petit monde sur le radeau de la méduse qu'il s'est construit tout seul et en profitent pour tirer au cul joyeusement.
A première vue l' inspiration lorsqu'on observe cet écosystème ne vient pas vous frapper, cependant il faut les fréquenter pour les étincelles de vie pure qu'ils peuvent vous donner, leur générosité, leur rire, et cette simplicité qu'ils assument en général pleinement. Ensuite peut on porter un jugement quand on s'enferme tous les soirs pour vivre et faire vivre par procuration ses fantasmes les plus bêtes? Enfin il arrive parfois de rencontrer des gens d'une droiture si exceptionnelle, d'une honnêteté intrinsèque, et d'une bonté naturelle, qu'ils en suscitent l'admiration. Parfois ces gens là me donnent envie d'écrire cet épisode notamment. C'est tout ce que je suis parvenu à faire
A Evelyne et José avec amour et respect.
Eddy Van Leffe
2001
