LE BILAN COMICS 2016

Chapitre 1 BLISS s’impose !
L’éditeur Valiant s’offre une nouvelle chance avec l’éditeur Bliss comics. Aux usa, Valiant est outsider sérieux aux « big two ». un univers partagé ayant les apparences du neuf, abordable, cohérent intelligent et ne prenant pas ses lecteurs pour des billes. Il ne leurs manque des personnages « iconiques » et facilement reconnaissables. Malgré cela, à force de travail sérieux et grâce à une équipe artistique sans faille (aucun titre Valiant n’est mal dessiné, bâclé ni même clivant), l’éditeur parvient peu à peu à s’imposer dans le paysage. Il en est de même en France. Car Bliss table sur des titres abordables, ose les prix de lancement à 10 euros et profite même des fêtes pour poser ses couilles sur la table et proposer l’intégrale d’Archer and Armstrong, un des meilleurs comics de ces dernières années.
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1- ARCHER AND ARMSTRONG : l’intégrale le plus massif possible. Quasiment trente épisodes compilés dans un livre massue. Ca parle de voyage dans le temps à la Doctor Who et de guerriers éternels à la Moorcock , d’une secte complotiste totalement barrée où tous vos délires paranoïaques peuvent se réaliser. Nos deux compères s’embarquent alors dans une aventure délirante où fun absolu rime avec culture générale. Ma lecture de l’année sans hésitation
2- QUANTUM AND WOODY : c’est une sit-com super héroïque, mais qui à l’inverse de Deadpool ou Harley quinn qui fatiguent à force de références « geek » et propos méta textuels oublient carrément les axiomes de la comédie, du quiproquo, du loufoque et du gag. Ici les deux frères sont marrants et attachants. Une réussite.
3- DIVINITY : autre force de l’éditeur : les Events autocentrés. Pas besoin de lire 20 bouquins, cette minisérie suffit. Un cosmonaute soviétique se retrouve pourvu de pouvoirs divins et revient sur terre. Il décide donc d’imposer son modèle à la terre entière. Ce sera l’occasion au l’univers Valiant de former ses propres « Avengers » dans des scènes d’actions perchées et une narration vraiment ambitieuse, remplies de fulgurances.
4- THE VALIANT autre Event auto contenu. Comme il l’aime bien Lemire, Nouveau venu chez Valiant, greffe une jolie petite histoire d’amour au cœur d’une course poursuite assez gore. Paolo Rivera dessine cette série et c’est bien évidemment somptueux.
5- BLOODSHOT REBORN : reboot du héros qui est un savant mélange entre Punisher et Wolverine dans une ambiance proche de celle du premier Rambo. Le dessin est hyper détaillé et l’action au rendez-vous et cela malgré une certaine décompression.
6- RAI : encore un intégrale ou Clayton Crain a la bonne idée d’éclaircir sa palette. Visuellement virtuose.
Chapitre 2 : Marvel /Panini : la gueule de bois post secret wars !
Après un Event aussi ambitieux que raté, l’univers Marvel tente retrouver un nouveau ton, une nouvelle dynamique. La cohérence en prend un coup, les explications laissent à désirer. Bref ! la gueule de bois est sévère. Pas mal de série optent pour une certaine légèreté véhiculant une diversité positive visant un public de plus en plus ciblé adolescent. Mais le tout semble naviguer à vue. Surnagent dans le flot quelques séries fraiches ou bien étranges…
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1- SILVER SURFER. Dan Slott et Mike Allred marchent sur l’eau sur cette série. Ils parviennent à rendre hommage au silver age en le reprenant à leur compte tout en se lançant dans de nouvelles directions et cela avec un indifférence polie pour tout ce qui se passe dans le reste du Marvel Universe. C’est un pur bijour de ludisme, d’aventure et grande écriture. Le chef d’œuvre actuel dont on parlera encore dans 10 ou 20 ans.
2- VISION : un thriller redoutable, sombre et intelligent qui tranche avec les comédies débilitantes qui semblent constituer l’essentiel du catalogue actuel de l’éditeur. Climat rappelant le faux calme et l’angoisse sourde de la SF des années 50. L’autre titre marquant !
3- ALL NEW WOLVERINE : un titre super fun. Une vraie bouffée d’air frais. Laura parvient tout à fait à revendiquer l’héritage du nom Wolverine avec une intrigue rappelant Orphan Black. Le seul défaut, c’est que c’est très très léger et qu’on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent !
4- ANT-MAN : Nick Spencer est sans doute une des plus grosses valeurs sûres actuellement. Capable d’intrigues à tiroirs particulièrement tarabiscotées, il y ajoute souvent une bonne dose d’humour à la fois dans ses dialogues, ses situations et son sens du décalage mais pas trop. En plus il n’oublie ni la continuité ni de mettre de l’empathie à gogo. Bref on adhère à fond à cet Ant man loser sympathique, bon père mais maladroit et amoureux complétement immature. Abordable et agréable ! un vrai coup de cœur !
5- SAM WILSON CAPTAIN AMERICA : Le titre politique Marvel. Seul titre qui ose faire écho frontalement aux évènements actuels, ici nul question de changer les bases de ce que doit être Captain America en 2016 mais plutôt réincarner le rêve américain coute que coute. C’est donc à signaler.
Chapitre 3 : Urban ces petits malins.
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L’éditeur colossal sait occuper l’espace, cependant la désagrégation de l’univers DC New 52 n’est pas là pour aider à publier des grandes choses. Du coup, ils se rabattent sur les titres indépendants en fidélisant les publics de Rick Remender, Sean Murphy ou Warren Ellis. Ils ont également les reins suffisamment solides pour s’autoriser une réelle politique patrimoniale à l’image de ce qui existe déjà au niveau de la franco-belge. Ils n’hésitent donc pas à rééditer des trucs carrément passés de mode et je leur tire un grand coup de chapeau.
1-AUTUMNLANDS : Kurt Busiek nous présente un univers heroic-fantasy touffu renvoyant aux grands maitres du pulp. Les références sont donc multiples : pêle-mêle je pense direct à Edgar Rice Burroughs, Edmond Hamilton (pour les passages en prose) et Jack Vance (pour ce talent qui consiste à brosser des peuples aux traditions bigarrées sans alourdir le récit principal). Si la pirouette n’est pas l’idée du siècle, le génie réside bien dans l’écriture d’un Busiek « qui y croit » et dans la description à la fois dans la caractérisation et graphique d’un univers d’ores et déjà passionnant. A mille lieux de celui de Saga mais tout aussi fouillé et divertissant.
2-JUSTICE LEAGUE INTERNATIONAL : la fameuse « Ligue Bwa-ha-ha » aux caractères à la fois outrés et trempés. Il n’est pas question de prendre de haut cette ligue de bras cassés. Non ils sont de vrais héros positifs mais ils ont plein de petits défauts humains. On dirait l’ambiance d’un bureau. Je note la manie qu’a Blue Beetle d’exploser de rire et de ne pas savoir s’arrêter. Il est contagieux de bonne humeur et pourtant le propos peut parfois être plus grave. Un bon pavé pour s’en payer une bonne tranche.
3- PLANETARY : chef d’œuvre absolu de Warren Ellis. Entre hommage et ironie, un ton, une écriture et un graphisme éclosent véritablement au cours des pages. Un pu délice où rien n’est laissé au hasard
4-THE AUTHORITY : LES ANNEES STORMWATCH : où la naissance du comics moderne. Tout simplement. Les bases du post-moderne et du méta-textuel analytique se posent là. L’héroïsme est mort ! vivent les mercenaires sans scrupules et les black-ops. Coup sur coup, Ellis crée Jenny Sparks (bien plus rentre dedans et vénéneuses que les midinettes à selfie actuelles) Jack Hawksmoor et le couple Appolo et Midnighter en 1996…1997. Histoire de dire qu’aujourd’hui, ils n’inventent rien du tout à part du buzz pour amnésiques.
Chapitre 4 : Glénat la future valeur sûre indé…
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Bâtie sur des titres solides comme Lazarus ou Infinite loop, Glénat malgré des prix prohibitifs se hisse à la hauteur de ses concurrents avec une politique d’auteurs et une ambition qui veut se détourner du genre super héroïque. Cette année certains titres ont attiré la curiosité.
1-RAGNAROK : Tout est bruit et fureur: éclairs d’énergie et armures rocambolesques (sans oublier les chicots de traviole ) à la Kirby, se marient avec élégance avec le sens du délire dans les décors d’un Philippe Druillet où les personnages taillés dans le roc viennent donner un aspect granitique que ne renierait pas un Caza! je vous le dis, on est dans le grand monde où les silhouettes tantôt majestueuses, tantôt torturées entre deux scènes de batailles imposent leur grâce à la force du seul crayon de Simonson qui reste un auteur de BD et pas un pitcher de film…Ça fait du bien
2-LADY KILLER les aventures d’une femme au foyer ordinaire qui est aussi une tueuse à gages. Le dessin de Joelle Jones à la fois gracieux et anguleux filme l’action de manière virtuose. La bd idéale à adapter au cinéma. Un pitch, un personnage fort et de l’action.
3- EVIL EMPIRE : politique fiction pertinente. Plutôt que d’anticiper le règne hypothétique d’une personne réelle pour culpabiliser et angoisser un peuple désorienté comme on le fait chez nous, les américains s’intéressent au mécanisme d’un glissement à fois invisible et brutal d’une démocratie vers l’horreur. Captivant et glaçant !
4-BITCH PLANET : vraie bd coup de poing ! Féminisme militant, science-fiction à la limite du « grind ». C’est voulu comme une bombe. Peut-être n’explose-t-elle pas de manière aussi percutante, mais dans un paysage morne, c’est déjà un petit « pop »…
Epilogue :
Delirium en embuscade toujours en proposant son somptueux intégral vintage en noir et blanc, nous faisant (re)découvrir les géants du graphisme et de la lumière d’antan. Avec un monopole sur le fantastique et Judge Dredd
Delcourt se concentrant sur le catalogue de la vache à lait Robert Kirkman perd les autres batailles et se fait potentiellement doubler par tous les autres. Seul Golgoth le dernier empereur, ressort à mes yeux cette année. Dommage


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