LES 10 PLUS BEAUX PARIS-BREST DU FRANCO-BELGE

Ca devient de plus en plus ardu de trouver une métaphore culinaire apropriée…
il a fallu creuser ma mémoire, fouiller mon grenier et interroger les témoins pour élaborer cette liste néanmoins la voici:

10-LES SCHTROUMPFS: LES SCHTROUMPFS NOIRS par Peyo et Yvan Delporte

 
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Il paraît que « Les Schtroumpfs noirs » constitue une sorte de parabole raciste. Pourquoi? A cause tout simplement de la couleur des protagonnistes. C’est consternant de lire des trucs pareils. Parce que voilà, je ne vois pas le rapport! De plus, si en voyant des personnages noirs, agressifs, dangereux et contagieux, on fait le lien avec le peuple ou la culture noire, Je pense effectivement qu’il y a un problème de racisme, mais forcément dans le livre vous voyez… Bref, personnellement j’ai toujours vu dans cette histoire une version enfantine de Rhinocéros,  la pièce de Ionesco ou à la rigueur La Peste de Camus. Une étrange  maladie décime et transforme un par un les paisibles petits lutins en de grotesques créatures violentes, indifférenciées, incapables de s’exprimer ne pouvant que transmettre leur infection maudite. Le Grand-schtroumpf est évidemment sur le pied de guerre pour trouver un remède mais le nombre submerge rapidement les survivants faisant  de cette BD un brouillon de Walking Dead vous en conviendrez. Les rebondissments se succèdent d’une manière enlevée et naturelle faisant presque disparaître le savoir faire et l’art des vieux maitres du franco-belge comme Peyo.  Narration, Rythme et cadrages parfaits mais discrets, l’oeuvre est humble et sympatique. Et si l’on devait tirer une morale de cette histoire, ce serait donc à mon humble avis au contraire de se méfier de ces choses impalpables qui métamorphosent les individus en une masse, uniforme, bêlante et contagieuse par la facilité qu’elles offrent, ces phénomènes qui amènent les hommes à devenirs des lemmings prêts à courir à leur pertes. Deux autres histoires sont également dans ce tome dont la première apparition de Gargamel le fameux sorcier qui lui, porterait des remlants d’antisémitisme parce qu’il a un gros nez. Que dire d’Achille Talon, Astérix ou du capitaine Haddock? Les intellectuels sont parfois bien cons…

9- IDEES NOIRES par Franquin

 
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Oeuvre clé de Franquin, Idées noires est un défouloir décompléxé des obssessions d’un auteur exerçant constamment dans le registre de la jeunesse. Ici  le ton est résolument adulte, cynique et affreux à l’image des ces personnages mi gnômes, mi ombres qui peuple l’ouvrage. une soixantaine de planches et pourtant la densité du propos marque l’imaginaire du lecteur à jamais. le message est cependant  sensiblement le même que dans Gaston Lagaffe, écolo, zoolâtre et méfiant envers les idéologies en vigueur. Pourtant la charge se fait virulente, désabusée et maladive comme si ces dessins constituaient une sorte de thérapie. Une thérapie partagée avec le public un peu comme celle de Pierre Desproges dans son spéctacle d’ailleurs étrangement proche dans le ton, lui qui qualifiait l’humour de « politesse du déséspoir ».

8- YOKO TSUNO: LES FRONTIERES DE LA VIE par Roger Leloup

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L’album paraît en 1977. La guerre qui avait opposé l’Allemagne au reste de la planète en 1945, laissait encore des cicatrices dans l’âme des populations. Roger Leloup, humaniste convaincu, pacifiste tranquille vient poser un regard magnifique, tendre et apaisé sur un coin du globe sur lequel on avait pris l’habitude de tourner le dos. Son héroïne japonaise est non seulement une des première fille à porter un titre, mais elle se paie le luxe de tendre la main un peu partout sur la planète et même au delà. Yoko Tsuno est sans doute la première héroïne franco-belge explicitement féministe (Natacha étant la première « sexy »). L’action se déroule à Rothenburg petite bourgade médiévale bavaroise, mais plus que cela cet album est d’abord un pretexte à une visite guidée émérveillée de la ville. Chaque batiment, chaque ruelle est reproduite avec un détail hallucinant. En témoigne cette scene de course poursuite enchantée, véritable clou graphique. Mais l’auteur ne se contente pas de supléer le syndicat d’initiative local, non il livre également une intrigue émouvante sur le sens de la vie et les limites de la science. Le récit habile évite les pièges du pathos, ceux de la leçon de morale. Ne reste alors qu’un questionnement pertinent et une émotion palpable dans un décor de rêve, réhabilitant le Rhin romantique.

7-SPIROU: MACHINE QUI RÊVE par Philippe Tome et Janry

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Ceux qui suivaient la série de près avaient pu constater un changement dans l’air dès le tome précédent Luna Fatale, qui amorçait doucement un virage qui se fit ici brutalement à 90°. Graphiquement les personnages sont soudainement expurgés de tout « franquinisme » et l’intrigue possède désormais une atmosphère étouffante, enfermée dans un cadrage noir « faire-part ». L’humour brut de décoffrage s’exerce à froid, et les protagonnistes sont tous demandeur d’une humanité accrue, à l’instar de Seccotine exigeant  qu’on l’appelle par son « vrai » nom. La quête pour son humanité sera d’ailleurs le coeur de l’histoire. Spirou poursuivi tout au long de l’histoire, va découvrir d’horribles secrets qui classera le livre d’avantage dans le sillage de Phillip.K.Dick que de celui du « Sorcier à Champignac« . Il paraitra évident que « l’aventure réaliste » de Spirou tournera rapidement court après un échec cuisant dans les ventes. Il n’en restera pas moins un OVNI dans la collecton d’album du groom en rouge, envoutant, sacrément bien écrit et bien mis en scène. Cet album fit découvrir la vraie aura de Phillipe Tome en tant que scénariste de talent. Une perle.

6-CANARDO: LA MORT DOUCE par Benoit Sokal

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Oublions un instant Blacksad, son académisme Disney et sa correction politique à la limite de l’indisposant, pour revenir au seul et vrai détéctive anthropomorphe désabusé: Canardo. Non mais regardez-le câliner sa bouteille comme si c’était une bouée. La mort Douce est un métre étalon du genre. Le palmipède à la suite d’un deuil survenu dans le tome précédent, boit comme un trou dans son bar ressassant sans cesse les souvenirs de son amour perdu. Toujours entre deux cuites, il en vient à protéger la nouvelle chanteuse du bar aussi paumée que lui. Persuadé d’être la cause de tous les maux, la Lâcheté devient son nouveau refuge. Aussi s’implique til un minimum, c’est tout aussi bien puisque Lilly (le nom de la chanteuse) a un autre protecteur assez instable également. Par son chant, elle a le pouvoir de le contrôler, lui et ses crises de violences. A condition que sa voix ne déraille pas, elle qui tousse de plus en plus souvent. Certaines scènes sont éprouvantes, tant on pénètre dans l’aspect minable et pathétique des personnages, Canardo en tête qui ne fait passer comme un fantôme incapable de prendre la moindre décision, laissant souvent les autres protagonnistes à leurs tristes sorts. La chute est alors implacable. Benoit Sokal distribue dans cet album les dépressions nerveuses avec un graphisme à la fois rond et totalement crade. Même à l’état neuf, on a l’impression que le bouquin a appartenu dix ans à un fumeur de gitanes, tant l’atmosphère est prenante. Grandville et d’autres ont depuis repris un peu le même shéma, sans l’intensité hélàs.
 

 5- SCENES DE LA VIE DE BANLIEUE par Caza

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Tout le monde connaît Caza l’illustrateur de talent sans vraiment prendre la peine de creuser sa carrière dans la bande dessinée. Et pourant à l’instar de Phillipe Druillet, il imagine des univers délirants, à la fois oniriques et granitiques. Ici les décors sont les immeubles de la zone grise qui encercle paris.  L’ homme Suburbain se prend à rêver de piraterie et de voyages psychédéliques dans une ambiance à cheval entre Monty Pithon et Isaac Asimov. Dérision permanente pour une collection de fables douces-amères qui fleurent bon les seventies. Ba-ba cools, pas si cool se posent en ancêtres des punks, contre le monde de la consommation, des bonnes moeurs et des réglements idiots. Caza s’illustre lui -même comme le fils spirituel du Grand Duduche et de Lone Sloane perdu et fondateur. Il a le pessimisme rigolo et offenssifs entre ces vendeurs de balais piégés, ses voisins aliens insupportables et la musique qui s’échappe en volutes significatives des enceintes témoignant d’un idéal de vie aujourd’hui  disparu. Quand je lis cette BD, je sens mes cheveux repousser.

4- EVA par Didier Comès

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Si c’était un film, imaginez donc  Brian De Palma qui reprendrait le scénar de Psychose avec la mise en lumière des films de Clouzot sur une musique Synth-pop berlinoise du début des années 80. Là vous aurez une idée de l’atmosphère vénéneuse véhiculée par EVA. Une jeune femme dont le voiture est tombé en panne, va trouver refuge dans ce grnad manoir perdu au beau milieu de la forêt Wallone qui chez Comès recèle toujours bon nombres de mystères. Elle tombe rapidement sous le charme maladroit du propirétaire, concepteur de marionettes et d’automates. Comès n’a pas son pareil pour créer ce climat malsain et étrange. Le mobilier, les couloirs ou un simple pantin, tout est bon pour distiller cette angoisse mêlée d’érotisme poisseux. Vrai huis-clos paranoïaque, chaque case a son importance. Pour une fois que l’auteur délaisse ses sorcières et ses chimères, ça se déguste.

3- CEUX VENUS D’AILLEURS par Jacques Lob et Gigi

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Enfant, j’ai toujours été fasciné par cette couverture,  mystérieuse, inquiétante, elle fonctionne du tonnerre. Mais qu’est ce que c’est au final que cet objet?
Jacques Lob surfant sur la vague de fascination qu’avaient les OVNIs, effectua des recherches assez sérieuses sur le sujet. sans pour autant verser dans le sensationalisme, cet album recueille un certains nombres de témoignages assez troublants et « réputés » sérieux de par les enquêtes de police, les rapports médicaux et autres articles qu’ils ont sucités à l’époque. A chaque « apparition » un préambule plus ou moins journalistique introduit le sujet avant de laisser l’hsitoire s’écouler sous forme d’une bande-dessinée  où le graphisme réaliste et terre à terre de Gigi apporte tout son crédit. Evidemment ce genre de sujet aura toujours ses détracteurs, et il n’est pas question de tomber à pieds joints dans le piège de la crédultié. Néanmoins je n’aimerais pas être à la place du gars qui a rencontré ces fameux « Hombrecitos » (Illustration) et que personne n’a jamais cru de sa vie. C’est donc un ouvrage à moitié documentaire, moitié BD qu’il faut ingurgiter. C’est très agréable et on en ressort avec une une espèce de sentiment d’immensité avec une voix qui nous souffle au coin de l’oreille: Et si…?
 

2- MORTADEL ET FILEMON: LE ROI DE LA MAFIA par Ibanez

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Ibanez n’est pas un auteur qui a fort bonne presse dans nos contrées puisqu’on le considère souvent comme un plagiaire de Franquin.  La faute à certains gags et planches remixées telles-quelles dans ses oeuvres. Néanmoins ce duo de flics/agents secrets/bras cassés est à hurler de rire. C’est un cartoon absurde survitaminé où les gags sont plus nombreux que les pages. Mortadel est un flic malchanceux au possible et Filémon une sorte de métamorphe  qui téléphone via sa chaussure. On leur donne des missions comme ici mettre fin au règne de la mafia qui a saisi le monopole de l’eau tout en gavant la population de morue séchée pour donner soif à tout le monde. C’est horrible, diabolique… tout le reste n’est qu’une accumulation de situations loufoques comme celle où Mortadel manque de se faire bouffer par un croco « chien de garde » et qui hurle: Pourquoi tu ne m’a pas dit qu’il y avait un crocodile? Filémon: Soyons sérieux tu m’a demandé s’ils avaient un chien, pas un crocodile! Plein d’autres délires viennent frapper le pare-brise mental du lecteur comme cet agent secret déguisé en chien forcé de manger un os ou ce Mortadel servant cible aux fléchettes.  C’est une avalanche de non-sens.  ceux qui veulent un message: passez votre chemin!
 
 

1- LES 4 AS ET LE TYRAN par Georges Chaulet et François Craenhals

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 Voilà un truc complétement dingue à lire. Autant vous le dire tout de suite: c’est très « vintage » comme on dit de nos jours. Les quatres héros sont les archétypes des archétypes (le débrouillard, le gourmand, l’intello et la fille) et l’intrigue comprend une course pousuite au coeur d’une  pincipauté dictatoriale germanique dirigée par une sorte de maniaque hystérique caricatural au dernier degré. Et c’est là que ça devient de l’art. C’est tellement « too-much » que cela prend une toute autre tournure notamment la vision du despote dont la « bochitude » est agrémentée d’un accent comme on n’en fait plus. « Colossale Plaizanterie! Fous êtes tes Bétits Humouristes! »  « Touze Palles tans la Beau ! Zept bour Chacun ! »  Le petit détail qui ne gâche rien, c’est que  malgré le coté potache de la chose, François Craenhals a livré des décors très documenté que ce soit pour le village ou pour le château, permettant un petit habillage supplémentaire de cet Allemagne de carton-pâte. Un conseil, c’est un livre à lire à voix haute tellement c’est à se fendre le bide, un peu comme les Ken le survivant de chez AB.  Cultissime!


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