CROSS-OVER: LE GUIDE DE SURVIE

Et si John Steed rencontrait James Bond ? Emma Peel tomberait-elle sous le charme de l’agent 007 ?
Rencontres improbables, collision des contraires, le public américain est friand de ce genre concept. Cela fait parti des ingrédients particuliers de leur culture neuve, abreuvée de syncrétisme (« E pluribus unum » n’est-ce pas ?). 
En comics, il existe quatre types de crossovers : 
1- Les crossovers inter-compagnies : Deux personnages n’évoluant pas dans le même univers au sein de deux éditeurs différents se rencontrent, se fritent méchamment la gueule et finissent par tomber en amour à la fin. Voici quelques exemples pour les plus saugrenus : 
                  1- Army of darkness VS Marvel Zombies

 
                  2- Punisher VS Archie

                  3- Spider-Man VS Red Sonja

                  4- STAR TREK VS Doctor Who

                  5- Vampirella VS Catwoman

 Bon, cessons de rire, charmante Elvire, mes préferés sont d’avantage :
 
                    1- BATMAN/PLANETARY. (Warren Ellis/John Cassaday)Une vraie monographie sur le personnage de Batman menée tambour battant par un Warren Ellis au meilleur de sa forme.

                   2- Uncanny X-Men/ The New Teen Titans. (Chris Claremont/Walter Simonson) Une perle, inutile de vous dire d’où vient le nom de ma bd hommage : Les Mutants-Titans.

                   3- BATMAN/PUNISHER. (Chuck Dixon/John Romita Jr) Mon premier comic lu en VO. Un John Romita Jr encré par Klaus Janson sur le Bat et le Joker : Une merveille. Chuck Dixon est efficace sur les histoires testostéronées et il connaît les deux personnages. 

                   4- JLA/AVENGERS : ( Kurt Busiek/George Perez) Une mise en abyme de l’histoire des deux équipes emblématiques des « big two ». Kurt Busiek écrit et se documente à mort pour livrer un vrai hommage au « comics de super-héros ». C’est parfois ardu à suivre, mais l’ambition est là, l’exécution très professionnelle et le dessin de George Perez prolonge avec maestria les défis du scénario.

                   5- BATMAN/DEATHBLOW. (Brian Azzarello/ Lee Berjemo) Azzarello est passé maitre dans la vision alternative de Batman. La trouvaille ici est que les deux protagonistes ne se croisent même pas, Deathblow étant déjà décédé au début de l’intrigue. On a donc droit à une enquête de type « cold case » situées dans deux époques. Atypique !

 2- Les crossovers qui courent de série en série pour faire une gigantesque saga supposée dantesque.  Au début on a crié « Au génie » et puis ce fut rapidement une horreur à suivre…
Voilà quelques exemples : 
1-     Uncanny X-men : Mutant Massacre (Uncanny X-men, Thor, Power pack, New Mutants). Tout est dans le titre. Par Claremont, Les epoux Simonson,etc..
   2-     X-cutionner’s song (Le chant du bourreau) qui regroupe lui des épisodes de X-Factor, X-Men, Uncanny X-Men et X-Force. C’est le seul qui a mon indulgence. On a une bonne histoire bien bourrine avec des ramifications sympas et un rebondissement qui a fait date à l’époque. Les Talents des années 90 sont là: Peter David, Fabian Nicieza, Scott Lobdell, Greg Capullo, Andy Kubert, Brandon Peterson et Jae Lee.

3-     The Age of Apocalypse (l’ère d’apocalypse). Uchronie du monde mutant qui chamboule tout les repères du lecteur en faisant de Magneto le fondateur de l’école de Xavier pour cause d’accès de mort. Scott Lobdell et Fabian Nicieza délirent à plein tubes avec Chris Bachalo, Andy Kubert, Joe Madureira, Adam Kubert, Warren Ellis et d’autres encore…

4-     Batman Murderer ?/ Batman fugitive. Bruce Wayne est accusé de meurtre, est arrêté, et mis en prison. Toute son équipe se mobilise pour le tirer de ce mauvais pas. Thriller  hitchcockien en même temps que « whodunit ? ». Cette saga emprunte à tous les exercices des films policiers, que ce soit l’interrogatoire de garde à vue ou le procès dramatisé, Bruce Wayne est poussé dans ses derniers retranchements. Les spécialistes du polar s’y collent: Greg Rucka, Ed Brubaker, Chuck Dixon au scénar, Scott Mac Daniel, Damion Scott, Trevor Mac Carthy, Rick Leonardi aux pinceaux. Pas impressionnant sur le papier mais que du beau linge en vérité. 

5-     Nightwing/Birds of Prey : Un petit bijou vintage dans lequel, les acolytes habituels de Batman doivent faire front contre un ennemi commun. Court, efficace, une leçon donnée par Chuck Dixon particulièrement attaché à cette partie du Bat-univers, accompagné de Butch Guice et Greg Land.
 
 
3- Les mini-séries faisant rencontrer deux équipes ou deux héros d’un même univers dans une aventure commune. Souvent anecdotiques, ces histoires n’ont de raison d’être que de faire passer un bon moment au lecteur qui souhaite voir les personnages qu’il aime tailler le bout de gras. Certaines sont des réussites.
1- X-men VS Fantastic Four: (Chris Claremont/ Jon Bogdanove). Claremont livre une histoire touchante, épique et punchy. Une chanson d’amour envers la jeune Kitty Pryde. Les figures féminines tirent d’ailleurs leurs épingles du jeu. Une mention spéciale pour la Femme invisible, magistrale en ciment d’une équipe/famille particulièrement dysfonctionnelle. 

2-  X-Men VS the Micronauts : (Chris Claremont, Bill Mantlo et Butch Guice) Un exemple de ce que les comics ont d’attachant. Deux équipes qui n’ont vraiment aucune raison d’être ensemble, livrent bataille à un ennemi assez absurde (le roi d’ombre) pour une saga modeste haute en couleur. Les micronautes étaient en fait une gamme de jouets.

3- X-Men Vs Alpha Flight :(Chris Claremont/ Paul Smith) Claremont emmène ses personnages fétiches dans le grand nord rencontrer les héros canadiens dans une histoire en forme de conte mythologique.

4- X-Men Vs Spider-Man: (Christos Gage/mario Alberti) une histoire curieuse de Christos Gage qui aborde les différentes rencontres que les protagonistes ont pu  avoir durant leurs longues carrières. On joue donc avec une continuité rigolote, qui passe des années 60 naïves et scolaires à la période « maraudeurs/Costume noir » pour finir sur Mr Sinistre et ses clones (Spidey-Ben Reilly- qui se demande si Sinistre a quelque chose à voir avec sa « naissance ») pour finir de nos jours. Le crossover est un jeu :jouons !

5- Wolverine/Elektra : le rédempteur. (Greg Rucka/ Yoshitaka Amano) Objet de curiosité, sous la forme d’un roman illustré, Le griffu et la ninja déjouent le kidnapping d’une jeune fille. Le texte ultra-convenu et les illustrations de Yoshitaka Amano (vampire Hunter D) à contre-emploi, font d’un truc qui aurait dû devenir culte, un acte manqué sans saveur. Il ne faut pas péter plus haut que son cul, Joe !

 
4-Voilà enfin les EVENTS, gigantesques épopées rassemblant en général un univers entier, dont la vocation est souvent de secouer les fondements mêmes de l’univers en question. Les répercussions sont apocalyptiques et plus rien de sera plus jamais pareil. Et c’est comme çà tous les ans. La liste qui suit n’est sans doute pas exhaustive et les avis sont pour le moins subjectifs. Néanmoins ils peuvent donner certaines pistes pour le lecteur non aguerri afin de lui donner la curiosité d’en découvrir quelques uns :
 
1-     SECRET WARS (Les Guerres Secrètes) : ( Jim Shooter/Mike Zeck-Bob Layton) Vaste fumisterie qui visait à vendre de splendides jouets, cette histoire raconte comment les plus grands héros Marvel et leurs plus grands ennemis (enfin…) sont catapultés arbitrairement sur une planète presque déserte pour se foutre sur la gueule. Et c’est ce qu’ils vont faire pendant douze épisodes… Le synopsis casse des barreaux de chaise. Sauf que… les échanges entres des personnages pas habitués à se côtoyer, est savoureux : J’ai encore en mémoire les dialogues entre le Lézard et l’enchanteresse, ceux entre Captain Marvel (Monica Rambeau) et Iron Man (James Rhodes) et ceux entre Klaw et Fatalis. D’autre part les retombées seront incroyables pour l’époque. Spider-man y trouve son costume noir extra-terrestre qui deviendra Venom, l’un de ses plus grands  adversaires. Miss Hulk trouve un éclairage inédit et un auteur en devenant un membre des Quatre Fantastiques de John Byrne. Magneto, change de camp et ce changement perdure encore jusqu’à aujourd’hui (plus ou moins). Fatalis explose dans sa posture de Despote bienveillant un brin psycho. De grandes batailles, des scènes d’anthologie, une fin positive et très novatrice finalement (on redistribue les cartes). Ce fut l’un des premiers, l’un des meilleurs et l’un des plus fun à lire. Je crois qu’on court encore après cette chimère à l’heure actuelle.
 
2-CRISIS ON INFINITE EARTHS : (Marv Wolfman/ George Perez)DC est trop compliqué ! Le mot d’ordre est lancé. Marvel écrase tout, son univers est abordable (à l’époque). On est dans la purée.
On va tout détruire, et reconstruire. Dans un gigantesque reniement du « silver age », on trousse vite fait une histoire d’entité qui bouffe les dimensions les unes après les autres. Cette entité s’appelle l’ANTIMONITOR (et non pas Deus-ex-machina). Les héros qu’on veut conserver devront se réunir face à l’adversité pour sauver la seule terre destinée à survivre. Plus de terres parallèles, plus de chien de l’espace, plus de truc marrant, on va tout Marveliser le catalogue. Bien sûr Marv Wolfman connaît les personnages et livre une copie qui réserve un bon nombre de moments grandioses et de morts légendaires en évitant une confusion dans un contexte aussi vaste (plus de 500 intervenants). George Perez entame là une habitude à livrer des pages bondées de monde comme un RER à 7h :30, à la limite de l’enluminure. C’est fabuleux en même temps que grotesque. Les auteurs qui hériteront de ce nouvel univers DC, n’auront souvent de cesse que de recréer ce qui a été détruit. Car de la casse il y en a : Si Batman redémarre avec une redéfinition définitive du personnage dans la saga Batman :YEAR ONE, Superman perd désormais son lustre sur SUPERMAN : MAN OF STEEL. Lecture agréable qui ne parvient pas dépasser son abominable diktat éditorial de départ.

 
3- THE INFINITY GAULTNET (Le défi de Thanos) :(Jim Starlin/George Perez-Ron Lim) Rapidement à Marvel, on crée un poche dans laquelle on fourre tout ce qui est cosmique qui devient une sorte de terrain de jeu à part du reste. Ici on va confronter brutalement le monde habituel avec ces fameuses entités qui font tout péter en un claquement de doigt. Thanos est un tyran cosmique amoureux de la MORT, il ferait tout pour lui plaire. Surtout tuer un tas de gens. Pourtant plus il offre des âmes à sa maîtresse, plus elle semble indifférente. Ce qui a le don de mettre le titan en rage, Thanos muni du gant d’infini, commence à massacrer tout ce qui se présente à sa portée. Un rassemblement de héros viendra y mettre un terme. Epique en diable, le récit est un fois de plus incroyablement mis en image par un George Perez, décidemment abonné aux mouvements de foule. Il sert ainsi (en compagnie de Ron Lim) le script psychédélique de Jim Starlin :Le mètre-étalon de ce genre d’histoire. Une fois plaisir envolé, on se réalise assez rapidement la gratuité de ce genre d’exercice, mais quel est le plus important, la destination ou le voyage en lui-même ? Ici, le voyage est jouissif.
 
4- ZERO HOUR : CRISIS IN TIME : (Dan Jurgens-Jerry Ordway)Dix ans plus tard DC recommence, et nous plante un bin’s pas possible. Orchestré par Dan Jurgens totalement perdu qui peine à suivre les traces de Perez, cette saga suit la quête d’un Héros déchu qui voudrait revenir au début du temps, tout réécrire (un parabole sans doute) pour tout remettre en ordre. Les héros vont tenter de l’en empêcher. Ridicule et confus de bout en bout, on se prend à bailler plus d’une fois en parcourant cet ouvrage assez court pourtant. De toute façon, les auteurs ont déjà tout réécrit depuis. Anecdotique au mieux.
 
5- FINAL NIGHT : (Karl Kessel/ Stuart Immonen) Cette fois ci, un mangeur de soleil vient chatouiller Superman et ses potes. La nuit et le froid installent donc une ambiance particulière sur une trame de film catastrophe. Le résultat bien que modeste en comparaison de ses prédécesseurs, tient la route. Ici, nous n’avons pas la remise en cause de tout un monde mais un péril qu’il faut surmonter. En prime c’est la futur star et surdouée des crayons, Stuart Immonen qui illustre l’affaire. C’est dire si ça se lit.
 
6- HEROES RETURN : (Peter David/Salvador Larroca) Là, Marvel pédale dans la semoule. Ils ont voulu redonner un coup de jeune à leurs personnages en les confiants aux artistes de chez IMAGE (comprenez par là les renégats qui avaient claqué la porte de Marvel 5 ans plus tôt). Ces derniers ont donc pondu un « Heroes Reborn » boiteux. Un an plus tard, il était temps de ranger les jouets avec ce « Heroes Return », soit un retour à la normal sur fond d’excuse à la noix. Jugez plutôt : Franklin Richards (le gamin des Fantastiques) qui peut à peu près tout faire, a créé une dimension de poche afin de sauver ses parents et leurs amis laissés pour morts par le terrible Onslaught (dont je n’ai pas parlé dans les rubriques précédentes parce que faut pas exagérer non plus). Il les fait revenir ! Ce qui sauve le truc ? La présence au script de Peter David qui n’a jamais écrit de daube. Vrai faiseur à l’ancienne, ayant une grande science du dialogue, il sauve le tout du naufrage à la force du poignet. Au dessin ? Larroca sur lequel j’ai vraiment du  mal.
 
7- MAXIMUM SECURITY : (Kurt Busiek/Jerry Ordway)Il faut le chercher celui là. Une saga cosmique à dormir debout. C’est carrément ringard. La terre est décrétée planète-prison par l’empire Kree qui déverse donc ses poubelle sur notre planète bleue. Sauvons la terre, sauvons l’univers. La fleur au fusil les gars. Vrai Event à l’époque avec une foule d’épisodes-échos dans la majorité des publications, il tomba néanmoins dans l’oubli 6 mois plus tard. Le pourtant Besogneux Kurt Busiek n’a plus le feu sacré et Jerry Ordway, tout en livrant un boulot honnête ne possède pas la patte nécessaire pour rendre ce genre d’histoire mémorable.
 
8- SECRET WAR : (Brian Bendis/ Gabriele Dell’otto)Ne rêvez pas, il ne s’agit pas d’une suite au cross-over susnommé. Brian Bendis, le nouveau golden boy de chez Marvel ne s’embarrasse pas de la continuité, et fait souvent un portrait dissonant des personnages ( Wolverine est une loque, Fatalis un vulgaire despote hitlérien). Mais il a une vision particulière de l’univers Marvel, rempli de conspirations et de héros en perdition. Il entame donc ici une révolution thématique qui changera durablement tout le catalogue de l’éditeur. Premier coup de balais, Le SHIELD devient prépondérant et Nick Fury sous son impulsion omniprésent. Le dit Nick Fury découvre donc un complot visant à surarmer les super-vilains mené par la Latvérie qui bénéficie d’une artillerie diplomatique telle, qu’il est impossible d’intervenir officiellement. En l’absence du chef d’Etat Fatalis, Fury trouve l’occasion trop belle de se débarrasser d’un Pays Terroriste.  Il rassemble donc un commando d’élite pour rentrer dans le lard de la Latvérie. Ce que Fury découvrira le forcera à s’éclipser un moment, démarrant ainsi le climat total-paranoïaque à Marvel.
 
09- IDENTITY CRISIS. (Brad Meltzer/ Rags Morales) La distinguée concurrence n’est pas en reste. Sur une trame Policière, Brad Meltzer va démolir les fondements de la Ligue de Justice. Vous tenez entre les mains le « Watchmen » de l’univers DC. C’est d’une part formidablement bien écrit. Certains personnages sont très justes et très matures (Green Arrow, Flash, et…Elongated Man). D’autre part, on a également une déstructuration du mythe des surhommes et une démystification de la ligue. L’intrigue démarre comme un Agatha Christie sur  le meurtre de la femme d’Elongated Man, qui a l’habitude de lui concocter une série d’énigmes pour aiguiser ses dons de détective. Cette mort brutale aura pour conséquence d’ouvrir la boite de Pandore et de mettre  à jour quelques uns des petits secrets que les membres de la Ligue ont accumulés à travers le temps. Magistrale, dramatique et puissante, cette œuvre n’a qu’un défaut : celui de dépouiller encore un peu plus les Super-héros de leur innocence et de leur naïveté.
 
10HOUSE OF M. ( Brian Bendis/ Olivier Coipel) Brian Bendis reprend la main chez Marvel. Sous la forme d’un univers parallèle généré par La sorcière rouge devenue folle à lier, Brian écrit un simple cross-over Avengers/X-Men. L’histoire traîne un peu en longueur mais offre son lot de scènes cultes. Entre la Maison Magnus présentée comme une famille royale européenne (La famille espagnole pour être précis), la chute vertigineuse de Wolverine, la première apparition de Layla Miller, l’attaque finale, tout est épique. Sur des dialogues ciselés, Bendis conclut avec un abominable Deus Ex Machina , changeant irrémédiablement la donne. Son succès en fera pour les années à venir le modèle à suivre.
 
11- CIVIL WAR : (Mark Millar/Steve Mac Niven)C’est cette fois le trublion écossais Mark Millar qui s’y colle. Outrancier, vulgaire et volontiers provocateur, le rouquin balafre nos héros favoris en les faisant se battre entre eux sur une thématique politique à peine déguisée. On a d’un coté, ceux pour la liberté et de l’autre  les adeptes de la sécurité. Développons un peu : Suite à un accident causé par les New Warriors (tant pis pour les fans) qui a détruit toute une ville (Millar et la vie humaine, ça fait deux), la communauté super-héroïque se voit obligée d’être fiché et mise au service du gouvernement. Mais évidemment certains vont se rebeller et ce sera le début d’un conflit qui laissera des cicatrices pendant longtemps. En prenant bien le soin de donner des arguments valables à chacune des deux parties, le récit n’évite malheureusement pas l’écueil d’un certain flou moral où finalement ceux qui seront victorieux usent de moyens abominables pour parvenir à leurs fins. La mort d’un genre : l’Héroïsme.
 
12- INFINITE CRISIS.( G eoff Johns/ Phil Jimenez, George Perez, Ivan Reis etc…) Chez DC on n’est jamais content et on voudrait toujours modifier plein de trucs. Heureusement, on a les « Crisis ». Exercice de style absolument vain, sans aucun moment de bravoure, celui-ci n’est rigolo que dans son idée première : On a cassé le mur des réalités à coups de poing ! Vingt ans après l’original, on s’aperçoit que certains personnages survivants de l’ancien multivers ont survécu et sont devenu complètement tarés par l’isolement dans leur dimension de poche (pratique ça comme concept). Du coup, ils veulent revenir en arrière. Là encore on est dans la parabole car c’est en effet ce qui arrivera. Le reste n’est qu’une agitation hystérique de marionnettes pour donner le change. L’histoire est donc une fois de plus réécrite mais un petit peu seulement. Juste pour nous emmerder quoi.
 
13- WORLD WAR HULK. (Greg Pak/ John Romita Jr) Attention Hulk arrive et il va tout casser !!! On promet du bourrinage  absolu. En effet Les illuminati (les franc-maçons Marvel) ont condamné Hulk décidemment trop remuant à l’exil sur une autre planète (Oui, les héros n’en finissent plus d’être des pourritures). Hulk atterrit donc sur une planète hostile dans un plus pur style Burroughs et devient gladiateur. Là il rencontre l’amour mais patatras les réacteurs de sa navette explosent tuant ainsi sa pauvre promise. Le géant de jade revient donc se venger. Yes ! Ca y est ces enflures arrogantes de vengeurs vont enfin pourrir. Mais… ! Rien ! Non passé les premiers chapitres certes jouissifs de bastonnades, Marvel sent qu’on va trop loin et décide de transformer une vraie machine de guerre en une échauffourée petit bras. S’il n’y avait pas John Romita Jr pour rendre tout ça colossal, ça ne vaudrait même pas qu’on le cite. Greg Pak qui écrit le truc se débrouille pourtant bien mais les meilleures idées passent à la moulinette d’un retour au « statu quo » obligatoire pour tout le monde. Une grande déception causée par une trop belle promesse. 
 
 
14- SECRET INVASION. (Brian Bendis/Leinil Francis Yu)Voilà le point d’orgue de ce que voulait faire Brian Bendis. Il a mis du temps à tout mettre en place. Petit à petit, développant l’aspect d’insécurité constante depuis « Secret War ». On a enfin la mise à jour d’un énorme jeu de dupe entamé il y a des années. Malheureusement, là encore le scénariste est bridé par une corporation qui ne veut pas sacrifier trop de jouets. Du coup d’un plan ambitieux pour détruire les vengeurs de l’intérieur, on passe à quelques figurants infiltrés pour faire bonne mesure. Ce qui reste finalement, plus que l’invasion des skrulls, c’est la propre autodestruction des héros à laquelle les aliens n’ont que très peu contribué. Ils ont d’avantage ramassé  les marrons du feu. La conclusion, elle si elle prend totalement au dépourvu n’a de but que d’enchaîner sur un climat encore plus cauchemardesque: le « Dark Reign ». Tout ça pour ça ? C’est néanmoins fort habile dans l’écriture si on aime le révisionnisme de Bendis et de ses héros qui en plus d’être des salauds sont des losers.  
            15- FINAL CRISIS. (Grant Morrisson/ JG Jones, Carlos Pacheco, Doug Mankhe) Nous revoilà chez DC et leurs « crisis ». Cette fois ci on nous le dit, c’est la dernière. Enfin ! Nous n’en pouvons plus. C’est carrément une catastrophe. Grant Morrisson le nouveau demi-dieu du comics qui s’en charge. Beaucoup de fans ne jurent que par lui et ses intrigues à tiroirs multi référencées. Pourtant beaucoup de choses sont surfaites. Ici, l’histoire est confuse, mal fichue sur un vocabulaire hautain et des concepts aussi fumeux qu’abscons. D’aucuns diront que je n’ai pas compris la prose du grand maître et c’est vrai ! J’ai rien pigé du début où un personnage ressuscite  sans explications, à la fin où un Superman et d’autres héros reviennent tout remettre en ordre après un périple délirant. Je vais avoir du mal à vous raconter l’histoire tant je ne m’en rappelle plus. Le story-telling est laborieux, rempli d’ellipses et les effets dramatiques noyés dans un ramassis d’allusions posées les unes à coté des autres pour faire son intéressant. D’ailleurs, si j’étais le seul à m’en plaindre, je me remettrais en question mais, l’essentiel du public est passé à coté du message comme laissé au bord d’une route en plein bouchon.  Graphiquement, c’est décousu et il faut trois dessinateurs (bien que talentueux) pour mettre à bien 7 épisodes : Un échec !
 
16- SIEGE : (Brian Bendis/Olivier coipel) A Marvel, on sent bien que le public se lasse des cross-overs à rallonge, que le filon est épuisé, mais il faut bien donner une conclusion à tout cela. C’est comme cela qu’est conçu SIEGE. On rassemble l’équipe artistique qui ouvert la voie avec HOUSE OF M : Brian Bendis qui aura donc l’occasion de mettre un point final à pas mal de ses intrigues parfois devenues des boulets lourds à traîner (Le personnage de Sentry) et Olivier Coipel, sorte de Midas du dessin qui vient de revitaliser THOR. On va faire court, on va faire épique et ce sera le retour de l’héroïsme. Le synopsis est direct : La nouvelle instance commandée par Norman Osbourne (le grand méchant) et ses complices décide que les dieux nordiques n’ont pas à squatter la terre et mène une attaque contre Asgard. Mais à quoi pensent t-il donc ? C’est évident que les héros vont se reprendre et les démolir. Ainsi-soit-il ! C’est joli, efficace mais SIEGE possède un gros défaut, il n’a de sens que par rapport à la saga précédente DARK REIGN qui n’a de sens que par rapport à SECRET INVASION etc…. On tourne donc en rond et il est temps que cela se termine.

 
17- BLACKEST NIGHT : (Geoff Johns/ Ivan Reis)Petit changement de programme chez DC, les Crisis, ça gonfle tout le monde, autant se retourner sur une franchise qui a le vent en poupe, à savoir : GREEN LANTERN. En effet Les chevaliers d’émeraude sont dopés à la « Geoff Johnsamine » qui fait un travail équivalent à celui de Claremont sur les X-men, de Frank Miller sur Daredevil ou de Bendis sur Spider-Man. Dans le détail, Hal Jordan est redevenu le héros principal et a reconstruit le Corps des Lanterns et, mis à jour une prophétie qui décrit une cosmogonie colorée et précise. Toutes les émotions sont incarnées par une couleur, et un commando censé la représenter. L’absence d’émotion : c’est la mort ! L’absence de couleur : c’est le noir. Voici donc une vraie armée de morts aux trousses des vivants. Mais le détail rigolo, c’est dans les comics, chaque héros est déjà revenu d’entre les morts au moins une fois. C’est là que ça se complique. C’est là que ça devient marrant. L’univers DC entier   doit donc faire face à cette nouvelle menace haute en… même pas ! Geoff Johns a eu le temps de peaufiner son sujet et il maitrise. Pour l’épauler Ivan Reis, émule d’Alan Davis, tient le haut du pavé et rejoint le club des très grands illustrateurs de comics.
 
18- FEAR ITSELF : (Matt Fraction/Stuart Immonen) On entame ici une lente mais inexorable crise d’inspiration. Je vais être franc, J’ai arrêté à ce moment là  et ne pourrais pas donner une vision même subjective. Je ne peux que me cantonner à des généralités : Certains artefacts similaires au marteau de THOR, tombent sur terre et sont ramassés par des hôtes rapidement possédés. Certains extrémistes menés par la fille de Red Skull ont fait une alliance avec les dieux de la peur pour pouvoir semer la pagaille partout. Une fois de plus Asgard (le royaume des dieux nordiques) est menacé de destruction. Certains personnages meurent pour réapparaître le mois suivant. Ce n’est pas un secret, le résultat déçoit. La ficelle est grosse, le public de moins en moins dupe, la fin de ce cross-over sonne comme un glas. Depuis le pauvre Scénariste Matt Fraction collectionne les lettres d’insultes.
 
19- FLASHPOINT : (Geoff Johns/Andy Kubert) La coupe est pleine, DC le sait et discrètement, pour ne pas dire sournoisement, On prépare la riposte avec Geoff Johns aux commandes. L’histoire en elle-même n’a que peu d’importance, il s’agit d’un simple et odieux DEUS EX MACHINA sur fond de manipulation du temps. Un vieil ennemi de Flash, le Négaflash part dans le passé pour effacer ce qui le dérange mais Flash revenant peu à peu à lui rétablit ce qu’il peut de sa ligne temporelle. Le canevas est efficace puisque c’est celui d’HOUSE OF M, mais la conclusion, si capillo-tractée qu’elle soit change tout pour de bon. L’univers DC fait peau neuve et redémarre de zéro sans qu’on puisse être sûr de ne pas se planter. On croise les doigts, on fait pas mal de paris risqués on retient son souffle et Bam il se passe à nouveau quelque chose dans la planète comics. Depuis  DC comics retient l’attention et redore le blason de son catalogue grâce aux « NEW 52 ». Si certains fans hurlent de désespoir, on ne peut nier le courage de l’éditeur qui a fait claquer ses « cojones » sur la table en gueulant :
            – Check it out Mavel ! Look at the size of mine !!!
 
            20- AVX :(Brian Bendis, Matt Fraction, Ed Brubaker, Jason AAron, Jonhattan Hickman/ John Romita Jr, Olivier Coipel, Adam Kubert)  Hélas, Marvel est concentré sur son univers cinéma et n’a désormais que peu d’énergie à consacrer aux BDs. Un vulgaire Cross-over entre les Mutants et les Vengeurs fait vraiment  pusillanime face au raz-de-marée qui vient de leur tomber dessus. L’avantage, c’est qu’on est dans le sécuritaire, les fans viennent en masse parce qu’ils ont compris qu’ils n’avaient pas le choix, tout le catalogue y étant lié, l’histoire devient indispensable pour comprendre la direction prise par l’univers cette année. La volonté de simplifier est également affichée, mais on n’ose pas carrément plagier le concurrent et tout relancer pour coller aux films par exemple. Non la vérité se situera probablement entre les deux, mais attendons de voir… Marvel n’est pas mort, pas encore, regardez le cadavre bouge encore… DC dit que ce sont les gaz qui provoquent ces mouvements réflexes, mais ce ne serait pas la première fois qu’on en verrait revenir à la vie dans les comic books. Si ?


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