LES VALEURS SÛRES (partie 5)

Voilà l’article qui ne devrait surprendre personne. Tous des titres archi-connus et archi-réputés. Enfin je crois…
BatmanDarkKnight_22032002.jpgGunnmReeditionLuxecof_12062007_013202.jpgasterix24.jpgchatdurabbin01.jpggendhiroshimacouv02.jpgscorpionsdudesert01.jpgthorgal09.jpgtintinactuel05_22012004.jpg
BATMAN:THE DARK KNIGHT RETURNS (Frank Miller-Klaus Janson-Lynn Varley/Delcourt): Eh oui! Je ne me foule pas là n’est ce pas? Cette aventure de Batman est sans doute la plus célèbre et il y a des raisons pour ça. Miller a dans le milieu des années 80 révolutionné le personnage et la façon d’écrire les comics et même la bd en général (voir ce que fait Andréas). L’idée géniale? Batman est vieux et rempile. Pour Franck Miller, il est inconcevable que Batman ne puisse vieillir jusqu’à devenir finalement plus jeune que le lecteur. Il l’a donc imaginé plus vieux, et adapté à ses nouvelles sensibilités. L’intrigue est à l’avenant, plus sombre, plus mature et d’un pessimisme glauque (comme les couleurs de Lynn Varley). Très vite on replonge dans le coté très urbain des héros américains dont la décadence ne sert véritablement qu’à épaissir l’ambiance autour de notre personnage. En ayant dit adieu à l’enfance des super-héros, l’auteur pose les questions que les vieux fans de Batman se posent. Pourquoi ne tue t’il pas le Joker? Quels sont les différents entre lui et Superman? L’escalade de la violence est elle dûe à la présence de ces supermen? Le tout plongé dans un scénario catastrophe d’anticipation politique à l’américaine. Le sens de l’emphase toujours présent assure un grand moment de lecture à tout vrai amateur de science-fiction tout autant qu’au fan de base ghettoisé dans ses comics. Un must! une réplique: Non, Joker. Tu te trompe de jeu, tes règles sont périmées. Ce soir, tu ne prends pas d’otages. Ce soir, je ne fais pas de prisonniers.
GUNNM (Yukito Kishiro/Glénat): Une arme imparable quand on parle de manga. L’oeuvre incontournable du cyberpunk déviant et horriblement fou japonais. En gros pour expliquer, Un jour Philipp.K.Dick a eu une bonne idée et depuis les Nippons en on fait qu’à leur têtes dessus. Le résultat C’est Gunnm et c’est une tuerie! Le lecteur haletant suit l’héroïne-une petite cyborg sentimentale et violente- dans sa vie, d’abord chez les parias d’un monde à l’abandon, chez les chasseurs de primes seuls ,en proie à leurs tourments. Pour son malheur, elle connaît l’amour pour n’en retentir que le goût amer de rouille qu’il procure une fois perdu. Elle se perd ensuite dans le monde décadent des jeux de motorball, revient dans son quartier où elle n’est plus la bienvenue pour enfin devenir une agent d’élite à la solde des nantis. Ange tout en boulon, Gally tente de préserver les restes d’une humanité à la dérive et pousse un cri de liberté afin de changer un monde où les salauds se sont mis à l’abri dans le ciel et se repaissent du spectacle de marionnettes sans fil que leurs donnent ces humains si médiocres. Les folies se contrechoquent mais n’est pas le fou celui qu’on croit. Attention aux révélations finales: On a rarement été aussi loin au bout de ses idées. la barre est placée haut! J’attends encore celui qui battra ce record les enfants.Une réplique: Maintenant je n’ai plus qu’un seul désir: devenir le fil tranchant fait de l’acier le plus pur!
ASTERIX (René Goscinny-Albert Uderzo/Dargaud-Hachette): La seule vue de la bande-annonce du troisième film justifie que l’on s’attarde un instant sur Astérix . Trop d’injustices ont été commises à commencer par le dernier tome qu’ils ont eu l’impudence d’imposer à nos enfants. Soyons Clairs! Ne sont lisibles que les tomes écrits par Goscinny. C’était lui le génie, l’esprit, l’âme enfin bref l’émule du Front Nationale qui occupe ce poste actuellement n’a jamais rien compris à ce qui faisait le charme de la série. Cet esprit moqueur, éveillé sur son époque qui avait toujours l’ironie en coin de page passait au vitriol la médecine, les superstitieux et les bizarreries du monde d’aujourd’hui ( Le poisson qui vient de Lutèce au lieu d’être pêché dans la mer toute proche), les travers des peuples s’amusant gentiment des préjugés de chacun. Enfin les références aujourd’hui datées mettent Astérix désormais hors de portée des enfants. Il est temps de trouver d’autres héros pour prendre la relève. Il faut trouver d’autres « Goscinny » et là, la tâche est ardue vous l’avez tous compris…. Personnellement, mes aventures préférées sont celles qui ne sortent pas du village comme « La zizanie », « Le devin » ou encore « Le cadeau de césar » car, qui n’a pas l’impression de connaître ces villageois? C’est comme feuilleter un album de famille. Irrémédiablement attachante, l’oeuvre de ce petit globe-trotter juif ukrainien nous apprend énormément sur la nature humaine avec un sourire tendre, constant et décontracté. Et toujours ce souci rare aujourd’hui du mot juste. Merci Monsieur Goscinny de me rendre humble. Une réplique: (un noble romain): Je connais les médecins de la garnison…En groupe ils sont plus meurtriers qu’une légion armée jusqu’aux dents! (Astérix chez les hélvètes)
LE CHAT DU RABBIN ( Johann Sfar/Dargaud): Je vous avais prévenu, cette rubrique est convenue, mais il faut bien se plier devant le talent quand on le rencontre. Sur le sujet casse-gueule religion, juif et Algérie, Sfar nous donne une leçon. d’abord c’est le chat qui depuis qu’il a mangé un perroquet a appris à parler, nous donne une leçon de théologie érudite et de philosophie de vie récréative. Seules les personnes talentueuses peuvent abattre ainsi les « Blockhaus de l’ignorance » avec autant de brio. rendez vous bien compte mes amis que ce chat nous traite tous d’hypocrites! Mais c’est pas bien grave vous savez, nous sommes tous concernés et rassurez vous les rabbins n’en sont pas exemptés. La chose chez Sfar qui me déconcerte, c’est qu’on ne suit pas une suite de péripéties rocambolesques, non! On se pose et on discute autour d’un thé parfumé pour refaire le monde le temps des quarante pages des récits de ce matou roublard qui parle à tout le monde. Respectant à chaque planche la technique du « gaufrier » qui consiste à diviser la page en six ou huit images de formes et de tailles identiques, achève d’installer un climat propice à la réflexion calme, heureusement amusée pour tous ceux qui auront la curiosité de pénétrer son univers, quant à ceux qui ne le feraient pas… ma foi, tant pis pour eux! Une réplique: Je n’aime pas les jeunes hommes.Surtout quand ils se passionnent pour la religion. Ils la manipulent comme un instrument de pouvoir.
GEN D’HIROSHIMA (Kenji Nakazawa/Vertige Graphique): Vous avez envie de vous pendre ce soir? Passez au titre suivant. L’histoire de Gen d’Hiroshima est celle autobiographique d’un vrai survivant du 6 août 1945. Sa vie, celle de sa famille et de leurs calvaire après le « pika-don »( éclair aveuglant). Avec un diabolique souci du détail, chaque horreur, chaque traumatisme est développé sous nos yeux ébahis de voyeurs. l’extrême simplicité du graphisme rend chaque vers qui ronge certains visages, encore plus sordides. cette bd a sûrement été la thérapie de l’auteur qui s’est expurgé de tout. Ce manga est sans doute le premier a avoir été traduit en France. Après deux tentatives avortées dont une remontant au magazine « Le cri qui tue »( l’époque ou le manga était underground), Vertige nous donne l’intégralité de la saga qui explore d’avantage les conséquences sociales pour les victimes que l’impact de la bombe elle même. L’hypocrisie d’un gouvernement japonais à la botte des « States » qui sous couvert d’aider les survivants, analyse les effets de la radiation nucléaire sur l’être humain. Rappelons nous biens que ce sont des civils qui ont payé le prix des fruits des génies de la science d’alors, au vu et au su du monde entier. Vae victis ! Sans jamais pleurer, Nakazawa dépasse son calvaire pour composer un hymne à la paix. Il nous jette les horreurs de la guerre à la figure pour nous faire enfin prendre conscience… Peut on fantasmer à réellement détruire son prochain? Stop! Je vais bientôt être papa, et je ne veux pas ça pour ma fille. Une réplique: Je comprends monsieur Pak, Quand je serai grand, je ne me moquerai jamais des coréens.
LES SCORPIONS DU DESERT (Hugo Pratt/Casterman): Même guerre, même absurdité. Si Pratt est un auteur plus romantique et qu’il excelle à peindre l’amitié des hommes quelles que soient leurs histoires, il condamne tout autant ces conflits qui ont dénaturés les échanges que des hommes peuvent avoir entre eux. Pour bien situer le ton des « Scorpions… », pensez au film « Un Taxi Pour Tobrouk ». Des êtres dissemblables aux origines différentes, sous des uniformes ennemis vont se rencontrer dans les déserts africains, là où ils n’ont rien à faire.Ils vont malgré tout lier des amitiés et certains rires fuseront comme tout autant de crachats à la figure de toute cette violence. Organisé en une sorte de Diptyque, l’ouvrage s’ouvre sur une une histoire d’espionnage avec un traître pour ensuite se transformer en course au trésor en pleine Ethiopie italienne. Ce dernier segment a toute ma tendresse car j’ai savouré tous les échanges entre Koïnski (Corto en plus dur)mercenaire polonais travaillant pour la couronne britannique, Stella Italien passionné et sans scrupules et Kush bédouin musulman immoral et amateur de thé anglais. Une fois de plus Le graphisme de Pratt séduit et nous fait voyager, par la minutie des costumes, l’exactitude des paysages urbains et surtout par ce Désert incroyablement rendu avec de la simple encre de chine. Le sable et chaud sur la planche et puis regardez l’horizon au fond des yeux de Koïnski, c’est magnifique! Pratt lui a donné un âge comme on peut le donner aux arbres en déchiffrant leurs écorces. Pratt dessine l’infini, suggère les couleurs et enlumine les âmes. Définitivement le Maître absolu du noir et blanc. Une réplique: Koïnski, ta blessure au visage et à la lèvre, c’est un allemand qui te les a faites?Koïnski: Non..Pas un allemand…une jeune fille russe… qui d’ailleurs avait peut-être raison…
THORGAL (Jean Vanhamme-Grzegorz Rosinski/Le Lombard): C’était sans doute ma Bd préférée au glorieux temps de mon collège. C’est sans conteste un classique de la bd franco-belge d’aventure munie d’une qualité scénaristique indéniable et servie par un graphisme réaliste très détaillé. J’ai récemment réalisé qu’elle avait des point communs avec Superman. Jugez plutôt: Une bébé extraterrestre tombe chez les vikings, On dirait un « elseworlds » (aventure alternative). Et sur ce simple canevas, nous voilà plongé dans l’histoire en même temps que dans la science fiction et l’heroïc-fanstasy. Échappant aux règles d’un genre précis,les albums ont tout à tour des parfums de récits légendaires (« Les trois vieillards du Pays d’Aran », « Au delà des ombres »), de péplums (« La galère noire, » « La chute de Brek Zarith »), de S-F pure et dure (L’enfant des étoiles), de film d’horreur (« Alinoë », »Arachnéa »), parfois ils évoquent les paradoxes temporels (Le maître des montagnes, la couronne d’Ogotaï) l’aventure historique (« Les archers », « La marque des bannis »), la mythologie (« Aaricia », « Géants », « La gardienne des clés ») voire la chasse à l’homme (« Louve »). Mais c’est avec le personnage de Kriss-de-Valnor que la saga de Thorgal décolle dans le superbe cycle du Pays Qâ situé en Amérque latine. avec le recul, c’est amusant de relire les aventures aussi variées de ce paisible paysan aux aspirations finalement dignes de celles de Charles Ingalls dans sa Maison dans la prairie. Thorgal ne court pas après l’aventure mais cette dernière le rattrape toujours, qu’il s’installe sur une île déserte, se fasse oublier ou quoi que ce soit d’autre: il attire les ennuis. Le point fort est aussi l’extrême lisibilité de chaque tome enchâssé pourtant dans une trame familiale plus générale. Renouveler l’intérêt chaque fois est un challenge que les auteur relèvent avec brio. Bravo pour autant de constance. Une réplique:Hardi! Vikings, L’or et le sang ont la même saveur ha! ha!
TINTIN (Hergé/Casterman): Peut on faire une rubrique « Valeurs sûres » sans parler de Tintin? Peut-on se poser la question? Hergé dès le premier album « chez les soviets » malgré une histoire d’une naïveté rejoignant la débilité fait preuve d’un dynamisme graphique et de trouvailles qui ont révolutionné le genre d’un art encore balbutiant. Roues des voitures déformées pour souligner la vitesse découpage de l’action inspiré des films de Buster Keaton, recherche du trait juste sont les marques d’un auteur qui n’aura de cesse de vouloir s’améliorer, se remettre en question, se renouveler. Ce qui frappe dans chaque album de Tintin, c’est l’incroyablement accessibilité du dessin qui pourtant est si recherché, si parfait. De ce fait Tintin devient un modèle inconscient pour tout ce qui est venu par la suite comme Les bd de Tezuka au Japon. Hergé est notre « kami ». Chaque tome, une fois de plus possède sa propre identité, son propre thème, son propre décor, son propre rythme, et son propre but (Anticipation, aventure marine, exploration de continents lointains, survival, enquête, espionnage etc…), l’ensemble mené au gré des humeurs et des aspirations d’Hergé toujours à la recherche de la perfection. ne niveau d’exigence est pourtant invisible à la lecture de ces incroyables récits romanesques, véritables passeports pour le rêve lorque nous étions enfants. Enfants? Aujourd’hui encore tintin résiste au passage du temps comme toutes les icônes d’aventuriers Luke Skywalker ou plus vraisemblablement Indiana jones dont la filiation est parfois flagrante. Tintin réussit le tour de force d’être à la fois intemporel et témoin privilégié du XXième siècle. En effet La carrière de Hergé débutant entre les deux guerres, le regard sur le monde évolue avec le temps comme une caméra qui se force à l’objectivité. Certains tristes sires donnent à Tintin des connotations politiques qu’il n’a pas. Il est parfois le témoins de certaines choses désagréables (colonialisme, montée de fascismes etc..;), mais tel n’était pas le vrai propos d’Hergé qui voulait divertir sans s’engager. Dommage direz vous? peut-être devrions nous mettre à sa palce et à son époque. Aujourd’hui il reste Tintin figure immuable du courage et de l’abnégation combattant l’injustice. Une réplique: un chauffeur italien: Ah ah! Vous trouvez qué jé roule trop vite? Tintin: Euh…Je crois que le capitaine aurait plutôt tendance à estimer que vous volez trop bas…(L’affaire Tournesol)
A bientôt pour le dernier chapitre…


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