COMICS LOVE STORIES CHAPITRE 1

L’image de la femme dans les comics n’en ressort pas particulièrement grandie et est souvent prise comme exemple pour qualifier les comics de « divertissement misogyne pour petits mâles blancs en mal de puissance ». D’abord il n’y a aucun mal à détester les femmes, personnellement c’est les araignées que je ne sais pas voir. Et puis les personnages féminins n’occupent qu’une place caricaturale certes, mais proportionnelle à celle qu’elles occupent dans la réalité. J’ai vu à ce sujet un bouquin de Virginie Despentes(Jenny Sparks mais en vrai!).  La femme n’occupe que la place qu’on lui concède et qu’elle n’ose transgresser de peur de sa propre puissance. De vraies super-héroïnes sous identités secrètes.
Malgré tout, ce serait insultant pour les auteurs de croire qu’ils ne se penchent pas sur le sort de leurs personnages féminins. Je voudrais m’attarder sur les plus belles histoires d’amour qui ont été écrites et nous allons voir à quel point elles peuvent être différentes les unes des autres et donc leurs protagonistes par le même occasion.
Grande polémique à Marvel en ce moment, Comment détruire le couple Peter/Spider-man et Mary-Jane? Pourquoi le faire surtout? Mary-Jjane est amoureuse de Peter depuis le premier regard. Elle sait pour son identité secrète et elle garde le silence par loyauté et amour. Elle attaque le pauvre Peter dès leur première rencontre(le fameux: »t’as tiré le gros lot tiger ») mais s’efface rapidement devant Gwen le premier amour du héros arachnoïde. Elle sacrifie énormément par abnégation et même si les auteurs la font souffrir elle ne donne d’elle même que des vertus. Mais elle n’est pas au bout de ses peines…Elle doit attendre la Mort de Gwen, surmonter le deuil de Peter pour pouvoir enfin lui prodiguer son affection. A ce stade elle réalise que vivre avec un super-héros qui risque sa vie n’est pas facile à assumer avec sa propre vie. Car Mary-Jane désire également avoir sa part de gloire et de lumière, elle a suffisamment sacrifié pour se contenter d’une vie de « femme de pompier » à prier devant un téléphone. elle se sépare de Peter pour faire carrière dans la mode, le cinéma et le monde du strass. Elle n’est pas prête pour épouser Spider-man. De son Coté Peter a besoin d’une femme forte avec des épaules solides pour l’abriter du monde qui l’a toujours effrayé à l’instar de sa tante May. Une ravissante idiote comme Gwen ou une voleuse comme la Chatte Noire ne peuvent lui convenir sur le long terme. Même M-J qui fait la fausse frivole pendant les premières années n’offre rien de concret.
Peter a besoin d’un univers stable parce qu’il reste le timide teenager en retrait. Spider-man ne lui donne que l’illusion de son émancipation. Spider-Man est plus une bd sur Peter que sur ses exploits super-héroïques. Son environnement  humain et quotidien lui donne une raison d’aimer et quelque chose pour laquelle se battre.C’est indisociable de son histoire. Mary-Jane aussi recherche quelque chose de plus profond que le monde du spectacle ne peut plus lui offrir. Leurs chemins les mènent forcément l’un à l’autre. Plus matures, plus adultes, Ils peuvent enfin s’accomplir ensemble…
Pourtant après le mariage, le couple ronronne. M-J une fois de plus renonce à beaucoup de sa liberté et de son autonomie pour devenir une « desperate housewife ». On ne compte plus les scènes où M-J attend seule la nuit dans leur appart’ que Spider-Man  finisse de revenir en ruine parce qu’il s’est fait pourrir par le Rhino. Pourtant, Peter parfois attend aussi quand M-J obtient un contrat à l’autre bout du Pays.La situation s’inverse pour mieux faire comprendre le poids que la réalité fait peser sur le jeune couple toujours partagé entre rêve public et confort domestique. Ils goûtent enfin la paix quand ils sont ensembles. Unis face à la vie. Ils pansent leurs plaies respectives?
Mais Les scénaristes détestent cette union qui pourtant paraissait alors si logique. Ils détestent voir grandir et vieillir le héros qui devrait garder sa vie d’éternel d’adolescent butinant de fille en fille. S’en suit donc une longue liste de plans pour évincer M-J. Peter est cloné et doit se barrer de sa série, Elle tombe enceinte puis fait une fausse couche puis se fait kidnapper par un malade qui la fait passer pour morte( à ce sujet voir l’excellent site « Women in refrigirators » de Gail Simone).  Rien n’y fait M-J est la seule femme digne de Spider-Man. Justice lui est enfin rendu par les films qui la malmenant lui donne malgré tout le statut de Seul amour de Spider-Man. Dans la série « Ultimate Spier-Man »,Bendis écrit une très jolie et émouvante Mary-Jane réaliste. Elle reprend la place de petite amie/infirmière mais en nuance avec une maturité et un équilibre qui manque au héros. Elle se cale avec justesse dans un récit où l ‘identification se fait autant à travers elle qu’à travers le héros. On pose une nouvelle question à coté de celle qui a toujours existé dans les comics:
Que ferait on si on avait des super pouvoirs? devient Que ferait on si nous connaissions quelqu’un avec des super-pouvoirs? En quoi notre  propre vie partirait en sucette, rien qu’en le cotoyant? Spier-man est ancrée dans cette vérité. Mary-Jane(« Spider-man loves Mary-Jane ») a d’ailleurs obtenu sa propre série creusant encore plus avant dans cette voie.
Mary-Jane n’est pas une chose, c’est une fille/femme qui se bat à sa manière dans un monde de super-héros brutaux. Elle est le vrai personnage d’identification. Elle possède une force qu’elle dissimule pour ne faire trop d’ombre à son petit héros de chéri.    


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