Inutile de chercher ici autre chose que du subjectif, du personnel voire même de la mauvaise foi. Les disques cités ici sont ceux que j’ai écouté le plus, ceux que j’emmènerais sur une île deserte (une fois que j’aurais installé le courant), bref mes coups de coeur!
NINA HAGEN: NUNSEXMONKROCK
Si j’ étais vraiment objectif, je vous parlerais de l’album Nina Hagen Band, où soutenue par l’excellent groupe berlinois Spliff, elle livre un galette bourée à ras-bord de classiques duPost-Punk. Mais NUNSEXMONKROCK est inoubliable, barré à tous points de vue. La pochette intérieure ressemble à ces graffitis que font les fous sur les murs des asiles. Jugez plutôt le concept: assimilant sa grossesse d’alors avec une sorte de retour de l’enfant divin, elle y mélange cette mythologie à la mode à l’époque comme quoi ce serait des ovnis qui viendraient exaucer les révélations de Saint Jean et comme si ça suffisait pas, elle y ajoute une pincée d’hindouisme/bouddhisme par dessus. Musicalement l’album est déséquilibré entre les rock songs new waveuses incroyablement efficaces comme Antiworld, Smackjack ou Dreadlove (le bijou du disque) et lesdélires onirico-méditatifs comme Taïstchi tarot, Ufo, Born in Xixax, Dr art etc…. Mais reprenons depuis le début, rien que l’intro nous narrant à la Hagen l’histoire où Jesus soigne un épilép…je veux dire un possédé (He met this man who was possessed…. The pigs were running awaaaay) est Dantesque, faisant toutes les voix, elle passe allégrement des enfants, aux mégères, et j’en passe, Nina captive par son audace et sa folie. Smack Jack est le single du disque mais c’est par défaut, car c’est en vain que vous y trouverez une rengaine vendable en supermarché. Non, l’outrance explose dans toute sa splendeur, elle transfigure Future is now à la fois calme et hystérique avant que les autres titres, tour à tour agaçants (Cosma–shiva-du nom et avec sa fille), Hilarants (Born in xixax) ou carrément soporifiques (Ufo) nous vrillent tympans et neurones pour nos laisser épuisés par une telle expérience. Epuisés mais heureux car c’est pas tous les jours que les aliens nous balancent des bébés bouddhistes messies. Mais non, mais si! Aujourd’hui la folie, c’est Lady Gaga…. Je ris, je ris, je ris et je hurle comme à l’opéra: « Love affairs are so exciting, when the the stars of Dreadlove shining ».
à défaut: Nina Hagen Band par Nina Hagen Band
THE B52’S
Autre album de new wave intergalactique aux voix hors norme. Autre objet bizarre mais immortel et toujours d’acualité car vous connaissez tous Planet Claire, la chanson qui ouvre l’album. Elle a servi pour de multiples pubs et films (notamment Charlie etses drôles de dames 2 ou Monstres contre aliens), On l’entend à tous bout de champ. Et pourtant, le groupe ne grille pas toutes ses cartouches dans ce premier titre, puisque les filles n’ont pas encore chanté. Lorsque 52 girls arrive, on se retrouve dans une parodie de »party fifties » à la Beach boys mais hurlée par les deux succubes que sont Cindy Wilson et surtout Kate Pierson. Mais ce n’est qu’une mise en bouche car voilà le gros Morceau: Dance this mess around qui prolonge l’ambiance de teuf’ un peu psychédélique, puis Rock Lobster (un homard rock-tout un programme)véritable délire, chanté, hurlé, feulé et tout ce qu’on veut. L’album ensuite subit une petite baisse de tension mais tout est relatif car Hot lava se fait très sensuel et que There’s a moon inthe the sky (called the moon) joue la carte de la parodie d’un groupe ne se prenant pas au sérieux. 6-0-6-0-8-4-2 l’hsitoire très « yéyé » d’un rateau au bigophone refait sautiller l’auditeur. Enfin, c’est la chute et la reprise éthylique de Downtown de Petula Clark, voilà la fête est terminée, on est cassé et il faut qu’on aille se coucher maintenant. Magistral! Bravo les gars.
à défaut: Blondie par Blondie
KATE BUSH: NEVER FOR EVER
L’ artiste féminine sans doute la plus importante de se génération. Kate Bush car il est utile de la repositionner historiquement parlant, n’est pas un stupide poster qui chante, qui danse et qui agite ses lolos sur une musique calibrée dancefloor. Kate Bush est une artiste, qui concoit, compose ses musiques, écrit ses paroles (à l’héritage littéraire certain), arrange ses disques avant de le reconcevoir pour la scène. Elle est aussi pianiste, base du son de ses albums (on la surnomme d’ailleurs la « sorcière du son »). Babooshka,l’un de ses plus grands tubes nous introduit dans une ambiance à la fois romantique et gothique, tout est léché et en même temps immédiat à l’écoute. Après l’accroche, les autres chansons offrent un panel varié d’amibances légères comme la petite valse bijou qu’est Army dreamers, ou l’éthéré incitant au voyage Egypt, on y trouve aussi une tempête hystérique du nom de Violin (qui porte bien son nom). Delius et All we ever look for rivalisent de créativité à la fois dans les structures et dans les tempos. Pour finir Breathing un morceau d’une pesanteur et au finish en chorus me fait penser aux « bateliers de la volga ». Un cri comme un accouchement puis c’est fini. Je concluerai sur la pochette « so british » qui voit un délire « carollien » sortir tout un tas de bêtes de la robe de la chanteuse fantômatique. Superbe, et morbide. Enfantin et travaillé. La pochette illustre bien l’album et une fois encore nous tire un soupir quand on voit nos tristes jacquettes cd acutelles.
à défaut Hounds of love par Kate Bush
HUBERT FELIX THIEFAINE: DERNIERES BALISES (AVANT MUTATION)
Dans ce disque la France a trouvé son Lou Reed. Synonyme de cassure par rapport aux albums précèdents, les thèmes sont la prostitution (Cabaret sainte Lilith), la drogue (Narcisse81, Une fille au rhésus négatif) la vie nocturne, le spleen, le blues et la mÔÔOrt. Claude Mairet alors guitariste arrangeur d’Hubert donne une teinte rock décadent assez crade pour un disque des années 80. L’univers visuel et personnel de Thiéfaine explose ici dans tout sa splendeur. Si le trublion n’a en rien perdu sa verve (tu craches le sang dans ta baignoire et tu t’essuies dans un linceul), son sens de l’image (ils vendent des orgasmes en sachet, et font la gerbe en location) se fait parfois d’une noirceure ignoble. Ainsi dans Une fille au rhésus négatif, il parle d’un bébé se taillant les veines et demande à son héroïne s’il doit faire installer le téléphone sur sa tombe. Sombre, cruel,morbide, cynique et emporté par un esprit écorché, aiguisé et lumineux, le disque se termine par deux bombes Exil sur planète-fantôme décrivant une génération jetée en pâture à un avenir incertain( Nous sommes fossoyeurs d’un monde à l’agonie)et Redéscente climatisée dont la production et les arrangements colossaux donnent un air de symphonie à la prose de son auteur toujours aussi malade, saignant sur les microsillons, les miasmes de son âme en fusion. (Arg! il est contagieux le bougre!) Le truc qui m’épate chez HFT, c’est qu’il serait capable de faire un poème avec la posologie du xanax et une formule géométrique. Il s’adresse avec une tendresse infinie aux paumés et aux chiens perdus ( Mathématique souterraine). La boue, c’est merveilleux!
à défaut: 713705 cherche futur par Hubert Félix Thiéfaine
ACCEPT: RUSSIAN ROULETTE
Encore un exemple du total arbitraire de cet section. A l’heure où nous avions rassemblé tous les disques disponibles d’Accept sur l’Héxagone, nous attendions tapis dans nos clapiers le prochain forfait du groupe, nous étions en début 1986 et le disque était Russian Roulette. Les ondes et les magasines passaient allégrment à coté et ne parlons même pas de la télé. Mais alors qu’est-ce à dire? Que contenait cet album? Toujours en import, toujours hors de prix, il nous fallut des anées avant de mettre la main dessus. C’est donc l’opus du groupe que j’ai le plus attendu, sur lequel j’ai cristalisé un véritable culte. Bien éloigné des critiques qui le jugeaient caricarural d’un style figé, je voulais ma dose de speed, de riffs, de choeurs et de soli spéctaculaires. Aussi fus-je comblé au delà de mes éspérances des les premiers accords de T.V. War, titre furieux auquel s’enchaînent tout un tas d’autres classiques spontanés. De plus, commençant à saisir les nuances de l’anglais, j’eus accès à des textes d’une teneur vivement polémiques, s’attirant même le logo « Parental advisory:explicit lyrics« . Mais attention, ce n’était pas parce qu’ils se tripotaient les burnes en gueulant SATAN ! Non T.V. War ironise sur la violence des médias (et cela bien avant Gulf war One), Monster man aborde l’euthanasie, Russian Roulette, la guerre froide. Another second to be, la presse. Stand Tight est antimilitariste et Heaven is hell se charge de la religion (You shouldn’t kill your brother , except if he doesn’t know what is right) Les compos sont efficaces et Wolf maitrise super bien sa guitare. La trouvaille du disque, c’est certainement pour être raccord au titre d’avoir subtilement modifié les choeurs jadis guerriers, en de véritables tableaux de l’armée rouge donnant une ampleur aux ponts musicaux comme dans la chanson éponyme:
What a lie to say I’m immortal
What a lie to sell me your fame
Where is God when I’m buried?
Does he stop, this bloody game?
Clairement l’album oublié dans les anthologies, les best of et autres classements amateurs. J’ai voulu corriger le tir et remettre à l’honneur un disque de pur « true metal » à la production sans faille, au son puissant et à la grâce wagnerienne.
à défaut Objection overruled par Accept.
SCORPIONS: FLY TO THE RAINBOW
Lorsque Michael Schenker plaque son frère et le groupe en 1973, Rudolf et Klaus Meine seul survivants du naufrage se jumellent avec le groupe Dawn Road comprenant Francis Bucholz (basse), Jürgen Rosenthal( batteur fou dans la lignée des Keith Moon ou Jason Bonham) et surtout le génie Ulrich Roth (dont j’ai déjà parlé mais pour dire qu’il était génial). Ensemble, ils vont enregistrer cet ovni du hard stellaire. Dès les premiers accords de Speedy’s coming on a compris, on part sur une autre planète et le voyage se fera avec de furieux cahots. Une vraie petite bombe sans doute devenue un classique du hard seventies. On passe rapidement à un autre monument , véritable profession de foi de Roth le foisonnant Drifting sun, sorte d’allégeance à Hendrix mais encore plus psychédélique. On se repose le temps d’une ballade hilarante il faut bien l’avouer (and I see a smile on your face..when you’re going to space) on reprend de plus belle avec This is my song et ses guitares synchro et infinies. Far away planante à souhait est un petit bijou, une caresse pour les oreilles. Enfin Fly to the Rainbow, s’amorce en trois mouvements, le premier acoustique faisant la part belle à la voix d’un Meine jeune et pure,le deuxième bien rock et rentre dedans où Rosenthal peut s’en donner à coeur joie et le dernier où Roth délire à plein tube en simulant un avion en perdition sur sa gratte démoniaque. Un disque clairement indispensable à ranger sur la même étagère qu’In rock de Deep Purple.
à défaut Phenomenon par U.F.O.
IRON MAIDEN: THE NUMBER OF THE BEAST
1982 L’année magique où le Heavy Metal voit paraître la plupart de ses pierres angulaires. Iron Maiden sort cette année là Le disque qui traumatisera une générationet qui fera décoller les ventes de guitares. Une galette bourré jusqu’à la gueule de classiques, que dis-je de classiques, d’hynmes inaltérables! Jugez plutôt après un Invaders assez basique mais péchu, on part pour une grande envolée commencant par Children of the damned ,The prisonner (d’après le feuilleton) et son intro à la batterie inoubliable se poursuivant par 22, Accacias avenue et à chaque fois ce duo de guitares hallucinant. Le titre éponyme débutant par une citation des Révélations reprend dans un registre Lovecraftien les cauchemars d’un homme au bord de la folie. Et le tube Run to the hills narrant l’invasion des terres indiennes sur un rythme de gallop et des hurlements comme si on torturait Pavarotti. Gang land fait pâle figure forcément coincé qu’il est entre le précédent et Hallowed be thy name qui marque l’acte de naissance du heavy metal progressif : la plus belle chanson de l’album. Résultat? Un vrai condensé de ce que le groupe peut servir de meilleur. A écouter jusqu’à l’overdose. Depuis il ya le hard avant et après Maiden qui a été plagié, copié, photocopié, digéré parfois maisqui est devenu l’un des acteurs incontournables du hard rock et cela en un disque: celui là!
à défaut: Seventh son of a seventh son par Iron Maiden
THE STRANGLERS: IV RATTUS NORVEGICUS
« Un de ces quatre, je vais te péter la gueule! » Voilà par quoi débute un disque qui annonce la couleur. L’orgue vrombit sous la basse et donne un point de vue résolument agréssif. Rapides et bourrins les Stranglers visent en dessous de la ceinture et frappent fort. Car si ces londonniens en pleine scène punk se démarquent par leur palette musicale, ils en ont bien l’esprit et s’inspirent de ce qu’ils voient dans la rue. London Lady, incisif se moque d’une pauvre petite paumée. Princess of the streets pastiche un blues où un tocard se lamente sur une prostituée. Ugly brocarde les gens moches sur un air beuglé par le plus cockney des frenchies Jean-Jacques Burnel. L’une des principales composante de l’album est un humour noir, et un second degré évident sur le monde immature et testostéroné du rock. Ainsi dans Peaches, le groupe joue les « Maccione »sur une plage sur un air de reggae poisseux. Les classiques sont pourtant déjà là Get a grip le premier single et cet hynme de chaque Concert qu’est Hanging around décrivant les à cotés des tournées de cette époque, l’intro, les soli guitare, claviers en font presque une chanson posthume des Doors. Enfin une longue fresque inhabituelle Down in the sewer narre les délires d’un homme tombant dans les égouts et voulant fonder une famille avec les rats qui vous menaceraient vous, sales habitants de la surface! Tous ce la se termine dans une sarabande hypnotique et habitée jouée par les claviers d’un Greenfield possédé. Nous y voilà à la fin d’un album hargneux et mal rasé, diffusant une ambiance enfumée, hallucinatoire et nous laissant une terrible gueule de bois. On remet ça?
à défaut: No more heroes par The Stranglers.
THE BEATLES:THE BEATLES
Certains trouvent que ce disque est trop long, qu’il contient du remplissage et qu’il ne forme pas un tout cohérent. Voire même qu’il soit décevant par rapport à la haute inventivité à laquelle les quatres garçons dans le hashish nous ont habitués. A ceux là, je dirai: Vous avez raison! C’est ce qui en fait un album culte et non pas « de culte » comme les précédents. On a trois compostiteurs maintenant, et tout autant d’egos et de talents aussi. John et Paul commencent un peu à se tirailler, ils ont chacun des visions qui divergent (John tire la gueule sur O-bla-di, O-bla-da, les autres font des pieds et des mains pour retirer Revolution 9). Chacun a surtout suffisament de chansons écrites pour faire un disque, la solution? Mettre le paquet et faire un double qui devient donc une sorte d’inventaire à la Prévert où l’on trouve de tout, du cabaret (Honey Pie), du hard rock (Helter skelter), une recette de cuisine (Savoy truffle), une berceuse (Good Night), une chanson d’aniversaire (Birthday) et toute une liste ininterrompue de classiques, entrés depuis dans le fond culturel commun des anglo-saxons. Le double blanc est devenu avec le temps un des fondements du siècle dépassant le monde même de la pop musique (parfois dans de tristes circonstances d’ailleurs). Une pierre angulaire, une borne , un trait dans le sable, il englobe en un seul opus ce que certains mettraient une carrière à obtenir. Questions tubes, on a bien sûr le rock Back in the U.S.S.R., le festif O-bla-di, O-bla-da et cette chanson incroyablement lancinante, et enluminée par le solo unique d’Eric Clapton While my guitar gently weeps. Même l’inécoutable Revolution 9 contribue à faire de ce disque, plus qu’un objet de mode mais une oeuvre à la fois individuelle et collective qui s’inscrit dans la durée où l’on peut encore découvrir quelque chose après une centaine d’écoutes. La richesse musicale incroyable des Beatles ainsi que les multiples messages cachés, sous entendus ou même inventés par les fans font de leurs disques de véritables petites kabbales qu’on consulte comme des ouvrages à la fois obscures et précieux. Celui ci et le meilleur parce que c’est le plus long, simple non?
à défaut Abbey Road par The Beatles
SIMPLE MINDS: SONS AND FASCINATION feat SISTER FEELINGS CALL
Non, je ne me suis pas trompé de rubrique, mais en même temps je vous comprends. Simple minds et tout sauf culte, il leur manque la fulgurance d’un Joy Division ou le succés écrasant d’un U2, ni même l’aura d’un Dépèche Mode . Les Minds sont clairement les oubliés des années 80. Certes, mais et c’est un gros « mais », ils ont composé les plus beaux joyaux de ce que j’appellerais de l »urban dance » avec une new wave déshumanisée parfois empruntée à Kraftwerk ou à Talking heads mais résolument novatrice. Une vraie bande-son pour un film cyberpunk à la Blade runner ou Akira. Ca sent la « skyline », la pluie, le traffic routier et la lumière des néons. Le plus bel exemple de cette atmosphère est l’orchestral Theme for great cities, angoissant et aérien. la suite n’est pas en reste que ce soit League of nations,Sweat in bullet ou In trance as mission nous invitent à nous désarticuler sur des des dancefloors fantômes. Même les vaches se transforment en sortes d’alarmes agraires dans Theme for 70 cities. Planquée dans ce maëlstrom de sons robotiques, une pure merveille Seing out an angel, lente et pourtant syncopée prouve les talents de compositeurs de Burchill/Mac Neil. A noter également le jeu de basse de Derek Forbes, hallucinant qui pourrait faire croire que ce double disque est son projet solo. Bref un album au son unique (Steve Hillage à la prod), des titres inoubliables par le simple fait qu’on a pas entendu ce genre de musique ailleurs, ni même chez les Minds d’ailleurs. Culte!
Laisser un commentaire