Comme beaucoup de fans de ma génération, je n’ai pas été attiré par le dernier fils de Krypton. Le coté supruissant, inhumain et trop généreux, enfin pour mieux dire: « The Truth, justice and the american way« , ça passe mal chez moi. Quand on a lu des Judge Dredd, des Marshall Law ou même certains Batman, les aventures du boy-scout en slip rouge paraissent un chouïa neuneus!! Ce sont ses nombreux avatars qui m’ont peu à peu amené au personnage. C’est le premier épisode d’Astro City mettant en scène le Samaritan qui m’ a marqué. Kurt Busiek y livrait un hommage vibrant. Plus tard Le Supreme d’Alan Moore ressucitant le « Sense of wonder » propre aux comics du « Silver Age » m’a replongé dans le bain. J’étais désormais mûr pour lire l’original qui a quand même inspiré du beau linge: Jugez plutôt:
1- Whatever happened to the Man of Tomorrow ? Par Alan Moore, Curt Swan et George Perez
Comment finir une série qui a débuter dans les années 40? Ce fut le challenge qu’Alan Moore (pas encore béatifié par le gotha des comics-addicts) releva avec brio. Cette histoire au contenu déjà méta-textuel, raconte les dernières aventures de Superman et la fin de son univers innocent. Voilà le pitch: les vilains lassés d’être des guignoles innofensifs décident de se mettre à la page et se muent en meurtriers sanguiaires. Rapidement Clark Kent est démasqué, ses ennemis se liguent contre lui. Tout se précipite et Superman est obligé d’organiser une résistance afin deprotéger ses proches. La dernière bataille s’annonce rude. Là où la magie opère, c’est dans l’écriture subtile mi désabusée, mi naïve à l’excès pour un résultat 100% hommage aux temps anciens. Tout le bestiaire kitsch est là: le chien Krypto, la Légion du XXXIième siècle, Supergirl, les potions à super pouvoirs. C’est avec beaucoup d’émotions qu’Alan Moore les restitue. Ainsi la peine de Superman est palpable lorsque ses amis se disputent où avouent leur affection à son endroit. Ils sont tous dans des pièces différentes, mais rien n’échappent vraiment à notre kryptonnien. Krypto sort de son rôle de chien: une allégorie de la fidélité! Une merveille! Un adieu ! Moore signe là une sorte d’avertissement à ses éditeurs. Il semble leur cirer: Voici ce à quoi vous renoncez, repentez-vous mécréants ! Quelques mois plus tard, DC faisait table rase de toute l’histoire DC dans La Crisis on Infinite Earths et et amenait John Byrne avec Son Man of Steel asceptisant le « Big blue ». On aurait du lui dire à l’époque: DC, c’est pas Marvel !
2- For the Man Who Has Everything par Alan Moore et Dave Gibbons
Wonder Woman, Batman et Robin voyagent vers la Forteresse de Solitude dans le but de fêter dignement l’anniversaire de Superman. Ce qu’ils ignorent, c’est que ce dernier a déjà reçu le cadeau qu’il nattendait pas. Une plante gréfée à son torse lui exauce tous ses désirs dans ses rêves. Saura-t-il du fond de se béatitude absolue, revenir vers nous en faisant le sacrifice de son bonheur? De leur coté ses amis survivront-ils à la menace qui abbatu Superman si facilement? Cette histoire est tellement culte qu’elle a été adaptée assez fidèlement en animé au sein de la Ligue des Justiciers. Les artistes qui sont à bord sont ceux qui firent Watchmen dans la foulée. L’écriture est subtile, avec un soupçon de féérie teintée de cette délicieuse ironie britannique (la scène des cadeaux à la fin) donnant des lectures sortant toujours de l’ordinaire.
3- All-Star Superman Par Grant Morrisson et Frank Quitely
Superman est un personnage propice aux fables à la fois hors du temps et aux concepts de science-fiction délirants. C’est ici Grant Morrisson qui donne de la voix dans les foulées du grand Moore. On est ici dans un récit parallèle à « Whatever happened… » à savoir qu’on cherche à donner une finalité et une conclusion à la gigantesque saga de Superman. Le format se prête fort bien à une adaptation des douze travaux d’Hercule , chaque épisode narrant une péripétie inscrite dans une histoire plus large et plus complexe. Superman découvre après une mission à l’intérieur du soleil, que celui ci s’il lui donne ses pouvoir peut aussi lui être néfaste. Conscient de sa mortalité, Le kryptonnien décide de faire un leg à l’humanité en accomplissant l’impossible. Certains chapitres sont au delà du génial, à la charge émotionnelle hallucinante (l’anniversaire de Lois ou l’histoire du dernier couple de Kryptonnien. A chaque page sa trouvaille graphique ou son délire conceptuel comme la dimension inversée, les voyages dans le temps et autres plantes mangeuses de soleils miniatures. Virtuose et frappadingue, voilà ce à quoi devrait ressembler l’ordinaire du comics, mais si c’était le cas…Où serait l’extraordinaire?
4- Superman For All Seasons par Jeph Loeb et Tim Sale.
Beaucoup de récits retracent les débuts de la carrière de l’homme d’acier. Ca n’aurait pas d’interêt s’ils ne prenaient pas des points de vu diamétralement opposés les uns des autres. Concentrons nous sur celui-ci. Structurée en quatre chapitres qui ont pour décor chaque saison, l’intrigue se déroule sur la première année de Clark Kent en tant que héros. J’insiste sur Clark Kent, tant sa vie humaine prend le pas sur le reste. Clark est donc une jeune bouseux du Kansas aux pouvoirs qui n’ont dégal que son coeur, énorme. Partagé entre son amour et son immense loyauté qui le lie avec ses parents adoptifs et le désir de faire plus, pour plus de gens, il carresse le soir venu son vieux chien débonnaire en ne pouvant pas s’empêcher d’entendre sa famille s’inquiéter ni les cris d’un monde bien trop malheureux. Sa décision prise, il se retrouve à Metropolis, fief des arrogants comme ce Lex Luthor cupide et sans scrupules. Décidemment le mal peut revêtir de bien étranges atours. Sans doute l’oeuvre la plus mélancolique et la plus poétique de Jeph Loeb qui a su mettre en scène la dualité de la vie de l’orphelin des étoiles, partagé entre deux mondes, deux villes et finalement deux femmes. Tim Sale quant à lui dessine Clark plus rond, plus pataud au cou de taureau, retranscrivant la maladresse d’un jeune homme et d’un super-héros en début de carrière. Profondémment humain, le récit possède un fort pouvoir d »évocation du monde rural américain à la Steinbeck. Les couleurs de Bjarne Hansen ajoutent une vraie palette « saisonnière » à l’objet et achève d’en faire un chef d’oeuvre.
5- Red Son par Mark Millar, Dave Johnson et Killian Plunkett
Cette fois ci pour retrouver une certaine fraicheur, on change notre encapé de terroir. Et s’il n’était pas tombé au fin fond du Kansas, mais au beau milieu d’un Kholkoze en Géorgie. La géopolitique mondiale aurait été totalement différente. C’est donc un Superman socialiste convaincu qui devra s’opposer à un Lex Luthor droit dans ses bottes comme seul espoir du drapeau américian dans la course à l’armement. Il est étonnant de voir comment Mark Millar d’habitude si outrancier, s’y prend pour décrire deux mondes sans trop diaboliser l’adversaire de toujours des USA. Le collectivisme est abodré par petites touches sans étouffer une histoire, ni la transformer en propagande idiote. On se prend même parfois à regretter un peu la verve canaille de l’écossais. Il reste donc néanmoins une incroyable histoire de Camarade Superman qui parvient à rester lui même dans un univers si différent. Il travaille surtout à décrire un monde cohérent et parvient à une conclusion historique pour une histoire de Superman. certains disent que grant Morrisson aurait soufflé la chute mais il n’en reste pas moins qu’elle fonctionne à merveille. Une bonne relecture du Mythe.
6- It’s A Bird par Steven T Seagle et Teddy Kristiansen
Encore un livre difficile à aborder mais encore plus à contourner. Superman n’apparaît pas, il n’existe pas. Un auteur de comics qui vit ce qu’on appelle un mauvaise passe, se voit offrir le job qui tue: Ecrire Superman. Mais l’inspiration lui manque, le personnage éloigné de ses préoccupation d’homme d’aujourd’hui ne l’inspire pas. Il va donc réfléchir à la signification et à la symbolique de l’homme d’acier dans la société dans laquelle il vit, pour les enfants, ses proches, la ville. Steven T Seagle sort de ses oripeaux de comics book writer pour s’offrir les habîts de l’ essayiste dans une mise en abyme vertigineuse. La réflexion entre l’auteur, son livre et son public est à mi chemin entre Daytripper des frères Moon et Ba ou Understanding comics de Scott Mc Cloud. Ce livre est fait pour ceux qui pensent qu’ils n’aiment pas Superman tout en adorant ce qu’il represente encore mieux que les autres: L’héroïsme.
7- Lex Luthor: Man of Steel Par Brian Azzarello et Lee Berjemo
Lex Luthor est un homme important, vereux et sans scrupules. Alliant deux compétences particulières, la finance et la recherche, il est ainsi persuadé de représenter ce que l’humanité a de mieux (au sens performant). Toujours à la recherche d’un quelquonque progrès, sa course est stoppée en plein vol par l’apparition d’un extra-terrestre qui tel un ange biblique vient remettre l’homme à sa place. Chaque exploit du kryptonnien exonère les humains de prendre en main leur propre destin. C’est insupportable pour un homme comme Luthor. Et oui, c’est le point de vue de la némésis qui est cette fois pris en compte pour un récit complexe, sombre et mature. C’est la personnalité de Lex qui est explorée, pour en faire un homme certes crapuleux, mais aussi au magnétisme animal étonnant. Il n’hésite pas non plus à jouer les paternalistes avec ses employés. Sa motivation ne connaît pas de limites tout comme sa foi en son propre destin. En cela il se pose en véritable « homme d’acier » résolu à un jour dépasser cet arrogant alien volant. Lee Berjemo dessine dans le ton de l’écriture, des scènes nocturnes idéales pour souligner les affres et les tourments d’un homme sombre qui voudrait être lumineux.
8- SUPERMAN SECRET IDENTITY PAR Kurt Busiek et Stuart Immonen.
Comme je le précisais dans le préambule, C’est Kurt Busiek qui m’a rapproché de l’homme de demain. Son écriture mélancolique profondément respectueuse, son empathie pour l’homme de la rue et son sens du merveilleux au quotidien en font un auteur exceptionnel pour décrire une histoire à la fois réaliste et un pur fanstasme imossible. Il se sert pour cela ce cette période bien charnière qu’est l’adolescence, entre la fin d’une enfance de rêve et le début d’une période bien plus compliquée où chacun se sent bien paumé. Son Clark Kent vit dans dans le vrai monde et se retrouve du jour au lendemain le seul métahumain. Son parcours dès lors touve une certaine parenté avec celui de ce bon vieux Peter parkeroù chaque dialogue trouve un double sens à cheval entre la métaphore et la mise en abyme de l’appretissage de la vie. Son aventure se déroulera donc de manière vraisemblable,en vieillissant, sans némésis, avec une famille mais tout en respectant les fondamentaux du héros dans des scènes toujours poétiques. Si on ajoute à cela l’ésthétique clair-obscur et les paysages grandioses dessinés par Stuart Immonen dont la perfection n’oublie jamais le rendu émotionnel, on obtient un mariage sublime et une bande dessinée aux antipodes du Dark Knight. Il fallait l’oser si on y réfléchit. Disponible chez URBAN
9- Superman Brainiac par Geoff Johns et Gary Frank
Si vous voulez lire ce qu’un Superman actuel peut offrir de meilleur, voilà certainement l’histoire à choper dans les magasins. D’abord un mot sur le dessin de Gary Frank qui rend hommage comme personne à Christopher Reeves, l’acteur qui restera pour des millions d’enfants le visage de Superman, et dont le destin tragique a terminé dans un combat digne de l’icône qu’il représentait en l’y associant désormais pour la postérité. C’est rare d’émotion à chaque image. L’histoire consiste à réintroduire la fameuse ville kryptonnienne en bouteille nomée Kandor. Cette cité a été miniaturisée et conservée par Brainiac qui collectionne les cultures planétaires commes des papillons. Cet être singulier qui se ballade dans vaisseau en forme de tête de mort (serait-til de la famille d’Albator?) a jeté son dévolu sur Metropolis. Entre saga d’action épique, et chronique du quotidien de Kent en civil, saupoudrée de révélations sur l’histoire de sa planète natale, l’histoire compile un peu ce qu’on devrait voir dans une nouvelle adaptation ciné du Surhomme. La fin est émouvante à souhait et Supergirl y fait un apparistion remarquée. Goeff Johns a fait dans l’iconique. Urban va republier le run de Johns sur l’homme d’acier, nul doute que ce récit sera de la partie.
10- Superman Peace on Earth par Paul Dini et Alex Ross.
Peace on Earth est l’oeuvre qui pourrait s’attirer les foudres d’un grand nombre de lecteurs puisqu’il exploite à fond le coté « gentil » du personnage. Décrit comme une allégorie de la bonté qui fait le bien autour de lui, le récit abonde dans une surenchère de bons sentiments qui dégoulinent de guimauve. Superman est donc une sorte ange débonnaire surpuissant qui reprend la où le Bon samaritain des évangiles s’était arrêté. Il donne aux pauvres, nourrit les affamés, sauve les enfants et plante des sapins de Noël. La portée christique du personnage iconisé comme jamais fait de cet ouvrage une sorte d’écrit biblique apocryphe moderne distribuant la bonne parole à une humanité acquise. Le film de Bryan Singer reprend d’ailleurs cette vision du personnage en lui donnant dans l’espace des postures de descente de croix. Même si c’est assez éloigné de mes préoccupations habituelles, force m’est de constater que c’est une vision d’auteur à part entière qui prend en compte une facette effective du héros de Siegel et Schuster dans un format tabloïde grandiose autonome. La partie graphique signée Alex Ross (qui se découvre ici le nouveau Michelange du 9e art) fait partie des plus belles choses que vous pourrez lire en BD. C’est assurément unique et mérite sa place dans un Top 10.
Liste subsidiaire:
11- Superman: Secret Identity par Kurt Busiek et Stuart Immonnen.
12- Our Worlds at War par Jeph Loeb, Joe Casey, joe Kelly, Mark Schultz, Ed Mc Guinness, Mike Wieringo et Kano
13- The Death Of Superman par Dan Jurgens, Roger stern et Louise Simonson avec Jerry Ordway et Jon Bogdanove.
14- Superman : End of century par Stuart Immonnen
15- Joker Emperor par Jeph Loeb, J-M De Matteis, Joe Kelly et Ed Mc guiness
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