Pour mon prochain projet, j’aimerais pouvoir écrire un « bon comic » qui échapperait à la qualification « post-moderne » qui tend à étouffer un art déjà bien mal en point.
Je m’explique et je vais commencer par un bref récapitulatif chronologique :
LE GOLDEN AGE : période faste de création sur fond de crise et de seconde guerre mondiale. C’est le moment de la création de Batman, Captain America, Superman, Wonder Woman. Les premiers comics d’horreur et tout ce qui s’en suivit avant d’être brutalement arrêté en plein Maccarthysme, par la publication du livre « The seduction of the Innocent ».
Ce fut le début de la suspicion tous azimuts sur les relations média/enfant/violence. Les éditeurs s’autocensurent et émasculent d’un coup leur productions pourtant bien chastes.
LE SILVER AGE : C’est le retour du panache, du super-héros et dans un climat bariolé, la nouvelle vague américaine va tout dépoussiérer devant elle. Ce sont les années soixante : la décennie où tout est possible. On place le début de cette période au numéro 4 de SHOWCASE qui introduit le personnage de FLASH, mais c’est bien évidemment la naissance de Marvel et de ses héros ( Hulk, Les Avengers, Spider-man, Les X-men)sous les crayons et pinceaux de STAN LEE ET JACK KIRBY qui incarneront ce nouvel élan. Puis la fin de l’innocence, symbolisée par la mort de Gwen Stacy la fiancée de Spider-Man en juin 1973, y mettra un terme sur une note singulière et non maitrisée.
LE BRONZE AGE : un sursaut secoue l’industrie : Les auteurs plus matures, illustrent d’avantage les maux de leur époque comme la drogue. Il s ont la volonté d’éclater encore un peu plus les cadres conventionnels de la bd. Les intrigues possèdent une narration de plus en plus sophistiquée. Les repères de l’industrie actuelle se construisent alors et les jeunes pousses d’hier forment l’aristocratie d’aujourd’hui : JIM STARLIN, CHRIS CLAREMONT, JOHN BYRNE, FRANK MILLER, BARRY WINDSOR SMITH, BILL SCIENKIEWICZ, GEORGE PEREZ. Le début est assez flou entre le Green arrow/Green Lantern de Denny o’Neil et Neal Adams et le GIANT SIZE X-MEN 1 de Len Wein et Dave Cockrum. Viennent ensuite ce qui sera l’apogée de l’école américaine avec des sagas mythiques comme le « Phénix noir » et le « Futur antérieur » chez les X-men. « Le procès de Galactus » pour les Quatre Fantastiques ou encore « The Judas contract » pour les Teen Titans. « La Crise des terres infinies » y mettra un coup d’arrêt en 1986. Signe à ce moment que les comics devront désormais être moderne et s’adapter vaille que vaille.
A noter d’ailleurs qu’en France ces deux dernières périodes se télescoperont dans l’esprit des lecteurs. En effet les délais de traductions et les impératifs à suivre l’actualité créeront une frénésie de traduction et un foisonnement de titres dans les librairies : ce sera la grande période de STRANGE et compagnie. Un vrai Age d’or pour l’hexagone.
Puis survint une sorte de cassure, puisque la chaine après « The Bronze Age » se brise en tout un tas de tendances, bien distinctes mais voués à se racornir, puisque obéissant à des effets de modes, elles oublient souvent de replacer le héros, ses aventures au cœur du récit.
Songez que certains « story-arcs » puissent être dans plusieurs mouvement à la fois.
Une petite série anodine amorce le changement : L’Escadron Suprême de Mark Guenwald quelques mois avant ce qui deviendra la pierre angulaire du genre à jamais. Une équipe inspirée de JLA (LA LIGUE DE JUSTICE) prend le pouvoir sur un monde qui ressemble au notre. Un questionnement moral sans précédent.
POST-MODERN AGE : 1985 est une année charnière également, car c’est la parution de WATCHMEN 1 qui inaugurera en grande pompe le mouvement POST-MODERNE.
Mais qu’est-ce donc que cette bête là ?
Plusieurs marqueurs servent à identifier pour définir une bd post moderne.
Une question sert de base à tous ces titres :
– Que feraient les Super-héros, s’ils existaient vraiment dans le monde réél ?
– La signification de la figure héroïque dans le monde d’aujourd’hui : la part de l’Idéal, les compromis, la politique. La morale devient subitement plus trouble.
– Plus largement, le comic book post-moderne offre une réflexion sur le média lui-même sous forme de mise en abyme souvent emprunte d’une certaine dose de nostalgie (manifeste chez Moore). Les personnages sont souvent des « pastiches » de personnages déjà existant et réagissent en tant que tels pour mettre évidence l’évolution des mœurs par exemple, ou pour mieux souligner les inadéquations qui peuvent exister entre l’icône et son époque. Irrémédiablement attaché au passé et voulant refléter un avenir ou en tout cas une projection possible de l’homme, de ses désirs, des ses peurs et de ses fantasmes.
Il s’agit de comics qui parlent de comics aux fans de comics et on comprendra qu’à la longue cela finisse par se mordre la queue.
voici une sélection très parcellaire pour autant qu’on puisse s’entendre sur la notion de « Post-moderne » elle-même. Ces histoires sont souvent sombres, amères et assez violentes bien que ce ne soit pas par ces derniers critères qu’elles se définissent.
1- WATCHMEN par Alan Moore et Dave Gibbons
2- La LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDIANIRES par Alan Moore et Kevin O’Neil
3- PLANETARY par Warren Ellis et John Cassaday
4- IRRECUPERABLE par Mark Waid et Peter Krause
5- THE AUTHORITY par Warren Ellis et Bryan Hitch
6- THE ULTIMATES par Mark Millar et Bryan Hitch
7- BLACK SUMMER par Warren Ellis et Juan Jose Ryp
8- THE TWELVE par John M Straczynski et Chris Weston
9- JLA : IDENTITY CRISIS par Brad Meltzer et Rags Morales
10- 1602 par Neil Gaiman et Andy Kubert.
11- MARVELS par Kurt Busiek et Alex Ross
12- ASTRO CITY par Kurt Busiek, Brent Anderson et Alex Ross
13- SUPRÊME par Rob Liefeld, Alan Moore et pleins de gratte-papiers
14- ABSOLUTION par Christos Gage et
15- 1985 par Mark Millar et Tommy Lee Edwards
16- THE BOYS par Garth Ennis et Darick Robertson
17- SUPERIOR par Mark Millar et Leinil Francis Yu
18- THE SENTRY par Paul Jenkins et Jae Lee
19- THE GOLDEN AGE par James Robinson et Paul Smith
20- RISING STARS par John M Straczynski et divers artistes
Toutefois je différencierai cette mouvance très « hype » à d’autres qui se superposant à ce mouvement pourraient se confondre comme :
Le Néo Silver Age que portent Grant Morrisson(le fabuleux All-Star Superman) Geoff Johns (pour son travail sur Green Lantern, la Crise infinie et 52) ou Darwin Cooke (La Nouvelle Frontière). Si une réflexion sur l’histoire du personnage est bien abordée, c’est pour mieux donner de l’élan à une gigantesque fresque hors du temps, positive et par essence échappant à toute classification. On y trouve aussi le Tom Strong de Moore (toujours lui) et Chris Sprouse. une sorte de réponse en contrepied du « Post-moderne »
Le Grimm n’ Gritty (triste et grimaçant), inspiré du cynisme de Watchmen et de DARK KNIGHT mais se limitant aux aspects superficiels de ces derniers. On eu droit pendant toutes années 90 à des pleurnicheries défaitistes et violentes. Une sorte de cold-wave appliquée à des bodybuilders grimaçants et mal -rasés. L’éditeur IMAGE est né sur ce fondement et a inondé le marché de brutes décérébrées sur lesquelles le temps a fait justice. On peut trouver néanmoins trouver son compte dans SPAWN, L’ERE D’ APOCALYPSE pour les X-men ou le psychanalytique SPIDER-MAN : LA DERNIERE CHASSE DE KRAVEN,le très barré DAREDEVIL: RENAISSANCE ou encore BATMAN:NO MAN’S LAND.
Le Decompression Age : soit l’ère du beau volume relié. Aucune histoire à présent ne fait moins de six épisodes, pour pouvoir revenir à la vente sous de beaux formats luxueux. Particulièrement prisé par les auteurs actuels comme Joss Whedon, Brian Bendis, Ed brubaker, Geoff Johns, Matt Fraction ou encore Robert Kirkman, il faut parfois plusieurs pages à un personnage pour ouvrir un tube de dentifrice. Cela permet une certaine sophistication de l’écriture ainsi q’une intensification des effets cinématographiques dans l’image, transformant de plus en plus les funny books en séries TV sur papier. Si les Astonishing X-men de Whedon ou les Ultimate Spider-Man sont du sucre à lire, l’arc de DareDevil : ECHO par David Mack ou Iron Man par Fraction/Larocca tombent dans la caricature tout à fait répréhensible.
A cela s’ajoute une explosion des titres indépendants de toutes natures, véritables témoins de la diversité et de la vivacité de l’école américaine, méritant à eux seuls les bravo du public, mais malheureusement voués à la confidentialité noyés dans la production super-héroïque. Il n’est pas rare aujourd’hui qu’un auteur mène deux séries de front: celle qui le fait vivre et celle qui le fait survivre.
Enfin nous sommes aujourd’hui en plein dans la période des EVENTS ou tout est coordonné pour une seule intrigue colossale (sic) par an.
La seule prérogative qu’il me reste est de vouloir échapper autant qu’il m’est possible à chacun des schémas préétablis dans ma prochaine bd intitulée :
ATTAQUE// RIPOSTE : LE JOURNAL DE LOTHAR
Pas d’univers partagé
pas d’arc à rallonge, que des one-shots
Les personnages, rien que les personnages
Beaucoup d’amour mes loutes, préparez vos mouchoirs!
Pas de repos sur mes lauriers. je vais essayer un tas de trucs
Fuck the continuity!
pas de mode à la con
Pas de resurrection bidon ou alors ce sera Jesus Christ
Pas de crossover, ben oui il n’y aura pas d’univers Partagé, suivez quoi!
Pas de private joke pour mes trois potes qui ont lu les même comics que moi.
Fuck Axel Alonzo!
Merde, j’ai déjà fait une private joke!
Pas de cuir, que du Spandex!
Pas de film !
une exclu MASOG le seul site qui parle de Crapaud pervers, d’ACCEPT et de STRANGERS IN PARADISE
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