Tout le monde a deviné, chez Masog on aime WARREN ELLIS. Mais ce qu’on ne sait généralement pas, c’est que WARREN a sauvé le monde. Pas à Marvel, pas chez DC, non à WILDSTORM (bon d’accord c’est un label de DC mais ne chions pas dans la colle comme un rôliste ou un mec des années 80).
Le gars après un passage discret mais néanmoins efficace pour Marvel (Excalibur, Ruins, Druid, Thor…), se fait inviter par le sieur JIM LEE (proprio de Wildstorm) pour bosser sur ses séries. Ils savent tout les deux qu’il n’y a rien à perdre à faire ce qu’on veut puisque la majorité du catalogue ne vaut pas tripette. Ellis se prend STORMWATCH, l’équipe d’intervention super-héroïque de l’ONU. Il y avait rien à sauver et Ellis vire tout les membres avec une certaine soudaineté mais néanmoins intelligence. Il profite d’un événement grave (l’enterrement d’un équipier) pour faire le ménage. Il invente ses propres persos qui deviendront des locomotives sinon des icônes (sort réservé quand on a été créé dans les années 40), voyez :JENNY SPARKS, JACK HAWKSMOOR, ROSE TATOO, APPOLO ET MIDNIGHTER.
Il met en place des concepts comme les enfants du siècle nés en 1900 qui ont une fonction pour la défense du monde, une façon de voir les expériences biologiques et le terrorisme (marotte de l’auteur…). Il change aussi le super héros en lui-même, il ose le moderniser pour une génération cynique et désabusée. Le héros devient un soldat avec une âme endolorie. Le héros tue. Un épisode alors qu’un appareil de ligne se fait attaquer et descendre en vol, le Weatherman (sorte de Charles Xavier de l’ONU) applique une stricte loi du Talion en abattant autant de personnes du pays « terroriste » qu’il y eut de victimes dans l’avion. Une équipe clandestine est chargée des basses besognes tandis quels autres font plus « ‘apparat ». Dans ce contexte Ellis signe une des plus grande épopée super-héroique depuis la saga du phénix noir: CHANGE OR DIE. Le monde est repris en mains par des super-héros dirigistes et vont s’opposer aux héros clandestins. Deux philosophies s’affrontent, deux camps, deux équipes qui auraient du êtres amies.
Ellis ensuite ira encore plus loin en créant THE AUTHORITY suite officielle de Stormwatch avec des héros homosexuels, junkies (tout cela étant très sous entendu) quis’érigent en conscience planétaire en une sorte de remake décomplexé et hyper-cinématographique de la J.L.A. Il fait découvrir le talent de BRYAN HITCH considéré à l’époque comme un sous ALAN DAVIS.
Parallèlement il écrit ce que j’aurais toujours voulu écrire à sa place: le chef d’oeuvre des chefs d’oeuvres: PLANETARY. Best of du médium, très lâchement intégré à l’univers Wildstorm, il rend hommage à tout ce que j’aime. TOUT! Imaginez un monde où les Quatre fantastiques ont ratiboisé la JLA, enfermé Hulk dans un puits et chouré les armes de tous les autres persos pour les planquer dans la zone négative. Un monde où la zone 51 sert à faire des experiences qui finissent en inspiration pour les films des années 50 (fourmis géantes, femmes géantes). Dans ce monde Dracula, Sherlock Holmes et Gozdilla existent. C’est un monde étrange, qu’il reste ainsi comme le dit si bien Jakita Wagner nouvelle figure Ellisienne d’un charisme fou.
Puis Warren se détache du pur super-héroïnat avec un dernier grand fait d’armes: GLOBAL FREQUENCY,une association de 1001 agents menés par ALEPHet MIRANDA ZERO (Ellisexcelle dans les personnages féminins forts) qui intervient en dernier recours quand la situation désespérée (prise d’otage vraiment tordue, virus contagieux, bombe à trouver dans Londres) chaque fois des personnalités aux spécialités très diverses, qui ne se sont jamais vu vont devoir collaborer parce qu’ils sont les meilleurs pour sauver la situation.Bien entendu L’anglais fou a écrit d’autres truc imparables pour WILDSTORM comme OCEAN(vraie sf), DESOLATION JONES (bizarre et j’aime moins) ou encore DV8 (une commande sur des super délinquants très bien éxécutée mais moins définitive).
Pourquoi Warren Ellis a sauvé le monde? Parce qu’il a sauvé le monde des comics depuis lors. Marvel lui doit tout. Nous l’avons démontré, son impact est gigantesque. Sans Authority? pas d’ULTIMATE X-MEN ni encore moins d’ULTIMATES. Il n’a pas introduit mais banalisé les couples métissés et les couples gays dans un univers éditorial très rigide. Il a changé le discours et la philosophie du héros et difficile de ne pas penser à CHANGE OR DIEquand on lit CIVIL WAR. Les équipes de black-ops fleurissent de nos jours (Secret avengers, x-force etc…) et même un truc qui fait froid dans le dos: Xmen: Deadly Genesis qui narre comment Charles Xavier envoie à la mort par erreur tout une génération avortée de X-men ressemblent étrangement à A FINER WORLD autre arc de STROMWATCH dont il est inutile de faire un résumé puisque c’est le même. Grâce à son sens du grand spectacle il popularise un nouveau style de narration: la décompression, permettant une certaine sophistication de l’impact émotionnel. Paradoxalement, alors que ce style induit un « rallongement » de l’intrigue, Ellis fait merveille sur les one-shots de PLANETARY. Aujourd’hui la décompression a ses détracteurs (Dan Slott notamment) car il a été suramplifié et utilisé a des fins commerciales par des auteurs comme BENDIS sur tout ce qu’il écrit ou BRUBAKER sur Captain America ( je vous défie de lire un seul épisode isolé et de le trouver intêressant ). Ce n’est pas une critique, puisqu’en interviews ces derniers avouent clairement considérer comme références certains arcs de AUTHORITY. Marvel avec une bonhomie sans complexe pille donc cet héritage, puisque inoffensif car comme chacun sait tant que c’est pas du MARVEL ou DC, ça ne compte pas.
A présent, Warren Ellis n’a plus le lustre de l’époque WILDSTORM, il fait des trucs assez anodins chez Marvel même si ses THUNDERBOLTS , IRON MAN ou NEXTWAVEont suscité un vif intérêt; ou se défoule à AVATAR mais cet aspect « je m’éclate un bon coup » empêche la maîtrise d’un PLANETARY. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, l’écriture reste d’une finesse exceptionnelle sur FELL et ses séries les moins inspirées ressemblent aux chefs-doeuvres de Millar. Là encore Ellisn’a pas de chance. perpétuellement dans l’ombre de ceux qu’il a devancé, je l’imagine un sourire ironique aux lèvres préparant un nouveau mauvais coup: une suite à NEXTWAVE par exemple pour rappeler à la population: WHO’S THE KING BABY?
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