Ce qui suit est un manifeste, du latin manifestus, il est l’expression de la volonté divine, et l’exposition de mon intention.
Pour exprimer ce qui tient plus de la sensation que d’un raisonnement articulé, je vais devoir manier l’image aussi bien que la lettre. Ce que je ne peux dire clairement par des mots, ce que je peine à faire comprendre par mes dessins, je vais l’exprimer par la bande dessinée.
Qui sait? En lisant cette approximation couchée sur le papier, peut-être vais-je enfin parvenir à la compréhension.
Auparavant, résumons rapidement le problème: un jour, je vais mourir; cela, je ne peux rien y faire. L’idée si populaire de donner un sens à sa vie me semble une tentative de se réconcilier avec la fin, ou même de s’en distraire. La vanité de la chose ne m’échappe point. Toutes mes outrances demeurent puériles face à l’inexorable.
Toujours est-il que je ne dispose donc que d’un temps limité, qu’il me faut employer en bien ou en mal. C’est mon pari de Pascal: le plus sûr est de faire ce à quoi mon cœur m’incline; en effet, je ne perds rien si je me trompe et que rien ne sert, attendu que toute autre chose que j’aurai pu faire n’aurait alors pas plus de valeur que celle que j’ai choisie.
Faire de la bande dessinée est un rêve: j’ai cruellement conscience de mes lacunes aussi bien en dessin que dans la rigueur nécessaire aux bonnes histoires. Le pire est que la bd requière plus que ces deux compétences. Il n’empêche que c’est mon rêve.
Toute mon énergie devrait être tendue vers ce but: ce n’est pas le cas. Je ne me suis jamais engagé totalement, une chose en moi reste inaboutie et me bloque.
C’est ce que j’admire chez Eddy: il fait ce qu’il aime, en espérant que chaque nouvelle planche sera encore meilleure. Il agit comme si il savait qu’il allait devenir pro un jour. Et il a raison, parce que c’est la seule façon d’y arriver.
Je ne peux pas continuer ainsi, à faire les choses à moitié: au final, souvenez-vous, je vais mourir.
Les mots ne suffisant pas à dénouer ce problème: place au conte. Aujourd’hui, Alexandre tranche le nœud gordien, en trois pages: « Par cette plume je règne! »
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