Comme toute passion, la BD est entrée en moi dans ma tendre enfance. Une fascination mélangée à une certaine magie qui me prenait quand les personnages me sautaient à la gorge. Les couleurs giclaient-heu…débordaient plutôt. Et les onomatopées me donnaient l’envie de rugir avec elles.
IL y eut des traumatismes dont je ne suis toujours pas remis. Des chocs qui confusément ont creusé leurs chemins au fond de ma boite crânienne. Certaines oeuvres ont formaté mon idée du Beau. /p> Ca ne se voit pas mais Cadra est sans doute un mélange de toutes ces influences là! Ah l’inconscient quand même c’est extra!
SIN CITY(Frank Miller/Vertige graphique): polar noir ultra violent et extrème. Hommage à Ellroy ou dashiell Hammett bien sûr mais surtout une oeuvre séminale(j’aime ce mot) où Fank Miller qui manie comme un maître les à-plats noir et blanc compose des planches comme des mini chansons qu’il structure ou déstructure à souhait pour mieux mettre en valeur les émotions démesurées de ses protagonistes. Déjà dans Daredevil il était épatant, le voilà à son apogée. Une réplique: Pourquoi n’en finit elle pas avec lui ? réponse: J’imagine que t’as jamais vécu avec un chat ? (Valeurs familiales-tome 5)
RANMA 1/2(Rumiko Takahashi/Glénat): Je ne connaissais les mangas que par DragonBall qui était marrant mais qui n’avait pas changé ma vie, etvoilà qu’ un gars me prête les quatre premiers tomes de cette série. J’ai hurlé de rire sans discontinuer sur toutes les pages. Comme j’ai la faiblesse de trouver dans le rire l’une des valeurs essentielle de la vie, j’ai tendance à le louer quand il me fait vraiment exploser. Je n’avais jamais vu ça: un humour cartoonesque avec des tics « Goltibiens « , un sens du gag à 100 à l’heure, le tout au service d’une bleuette sentimentale vraiment mignonne. Évidemment, sur 38 tomes la qualité n’est pas toujours au top mais les 14 premiers sont hilarants. Ranma m’a définitivement ouvert au manga en me faisant découvrir un humour décomplexé pas si éloigné de celui que je voulais pratiquer. Une Réplique: Ranma: Tu veux nous faire croire que tu lis le chinois? Nabiki:non, j’ai lu la traduction ici, à droite! Le père: Quelle humiliation! (tome 4)
CINEMASTOCK (Gotlib-Alexis/Dargaud) Gotlib est un maître du délire et du pastiche, aussi lorsqu’il s’associe avec le trait élégant et réaliste d’Alexis, on atteint des sommets rares dans l’humour. Ici les deux compères s’attaquent au chefs d’oeuvres du cinéma et de la télévision. Ils vont passer au crible les films de chevalerie, Tarass Boulba, La dame aux camélias, Notre dame de Paris, Hamlet, les malheurs de Sophie et même Chapeau melon et botte de cuir. Ils osent tout! Ils brisent la moralité des personnages (ce qui va devenir un axiome de l’exercice de la parodie) et surtout adaptent à la bande dessinée les codes du cinoche comme les fondues d’images ou les génériques. Ils ont fait date dans l’art de la moquerie. On peut aisément faire le tri après l’avoir lu. Sans doute l’objet qui me faisait le plus rire avant l’ouragan Ranma. Une réplique: Marguerite: Khoff! khraff! kohoff! Armand: moi aussi je t’aime! (Partie la dame aux camélias)
BATMAN:RIRE ET MOURIR (Alan Moore-Brian Bolland/Délcourt): LA BAFFE ! LE choc de ma vie. La meilleure aventure de Batman. Sans déflorer l’histoire, ici le Joker est vraiment fou et méchant. Il fait peur et il fait pitié. Une magie d’écriture et de mise en scène pour une histoire dont on ne ressort pas indemne. Batman est presque le figurant de l’intrigue. Batgirl ne sera plus jamais la même et il faudra de l’imagination pour les scénaristes suivants afin de l’en ressortir grandie. J’ai énormément de mal à aimer un autre Joker (Oubliez Jack Nicholson!) Le dessin est démentiel et cette scène où le Joker se découvre pour la première fois traumatisante. C’est rare de voir ça mais il faut le voir! Une réplique: Il y a DEUX mecs dans un asile de fous….
LES X-MEN( Chris Claremont-etc…/Panini): Pourquoi les X-men? Quelle période? Quel Récit? C’est si long et puis c’est plus terrible maintenant! Peu Importe ! J’ai grandi avec les X-Men, ne pas le mettre pour moi serait du déni pur et simple. Je sais bien que tout n’ a pas toujours été parfait mais la Dark phoenix Saga, Days of the future past restent des classiques du genre super-héroïque. tout limiter à ces histoires serait une erreur. La saga Des Brood et les épisodes de Paul Smith sont incroyables. c’est amusant comme le conte de Kitty Pryde ou le combat de colossus et du fléau dans un bar sont restés. le Mutant Massacre n’a pas épargné nos héros qui sont quand même restés dignes jusqu’à la Chute des Mutants. après c’est affaire de point de vue. Je me souviens que j’étais passionné par le cosmopolitisme de cette équipe de mutants bigarrée. C’est plus dans ces lignes que dans la cour de récré que j’apprenais les valeurs de la tolérance et de la solidarité( Préférons la politique de la main tendue à celle du poing brandi! ou Nous ne rabaisserons pas au niveau de nos ennemis.) Tous ces personnages étaient riches, attachants, magnifiés par le scénario de Claremont qui avait l’intelligence de les mettre en lumière chacun leurs tours mélangeant psychologie, action, émotion distillées dans le grand message de tolérance et de droit à la différence des X-Men d’alors. Dans une grande BD populaire, ce n’était pas si courant que ça finalement. Ça a le mérite de devoir être signalé quand même.
MAISON IKKOKU(Rumiko Takahashi/Tonkam): Ne me demandez pas la raison, mais j’ai toujours adoré le dessin animé « Juliette, je t’aime ». Une énorme comédie sentimentale, adulte dans laquelle les héros sont torchés du début à la fin. le coté miséreux et HLM me séduisait plus que de raison et il était facile de s’identifier à ce loser/étudiant de Hugo. Aussi quand j’ai appris qu’il s’agissait d’un manga de la même auteur que « Ranma 1/2″ J’ai cru que j’avais trouvé quelqu’un par delà les océans qui écrivait des BDs juste pour moi. J’ai plus appris sur la vie des japonais en général dans cette série que dans les encyclopédies. c’est une formidable tranche de vie qui frappe au coeur aussi bien qu’aux zygomatiques. une chronique au jour le jour qui décrit autant le calendrier du japonais moyen que les sentiments des personnages. Le canevas est pourtant simple: Peut on reconquérir le coeur d’une jeune veuve quand on est timide et fauché? IMPARABLE! Pas de réplique culte mais des situations uniques comme une déclaration d’amour sous l’effet de l’alcool qui vaut son pesant de cacahuètes….
LA BALLADE DE LA MER SALEE (Hugo Pratt/Casterman): Aah Hugo Pratt! Ce poète de l’encre de chine! La première aventure de Corto Maltese. Tout y est déjà. L’aventure avec son cortège d’évasion, de dépaysement et de découvertes. Les intrigues mélangeant les peuples les plus improbables pour mieux les confronter à l’absurdité de leurs égocentrismes car la mer devient la plus belle allégorie de l’absence de frontière. D’ailleurs la mer est la narratrice de cette aventure où se croisent, soldats allemands romantiques, faux moines, personnages historiques égarés, gentilshommes de fortunes ayant du mal à dissimuler leurs vraies natures de pirates, des enfants nobles et perdus dans un monde qu’ils ne contrôlent pas. une narration visuelle unique, qui fait date. un vendeur me disait: »Quand on trace une ligne à l’encre sur une feuille, c’est juste une ligne. Quand Pratt le fait, c’est la mer, c’est l’horizon! » Encore une oeuvre qui balaie l’intolérance plutôt que d’en parler! Le sujet loin d’être éludé est souvent remis à sa place: Dans le rayon idiotie! Une oeuvre intelligente fouillant les cultures que Pratt lui même avait découvert lors de ses voyages. il a probablement avec Corto sublimé son propre parcours et sa propre soif de rencontre. Avec les personnages qu’il décrit d’abord avec le public ensuite. Une réplique: Quand j’étais petit, Je me suis aperçu que je n’avais pas de ligne de chance, alors avec le rasoir de mon père…ZAC! Je m’en suis fait une comme je voulais.
TRANSMETROPOLITAN (Warren Ellis-Darick Robertson/Panini) Plus tard dans ma vie m’est venue l’obsession de la transgression, verbale, politique et religieuse. Quoi de mieux que « Transmet » ? Un journaliste dopé et destroy s’amuse à chercher des poux au président des USA afin de faire exploser tous les vices et les hypocrisies de ce dernier au grand jour. Le monde comme tout bon bouquin de science fiction, est devenu un étrange mixe entre paradis de permissivité et répressions à tous les étages. Le journaliste y devient seul figure de redresseur de torts au milieu de ces hommes perdus, livrés à eux mêmes. En manque de repères, ils s’en cherchent de nouveaux par le biais de nouveau cultes ou nouvelles formes d’art. Ellis nous fait partager la beauté d’un monde en pleine perdition, une sorte de décharge sur laquelle poussent quelques rares fleurs porteuses d’espoir, d’amour en un mot d’humanité. L’humour décalé et britannique des auteurs ajoute une saveur délicieuse à ce qui aurait pu être indigeste. Et si je devais encore vous convaincre, sachez que vous y trouverez un chien parlant ivre de vengeance, des fumeurs militants, une secte qui prône le métissage avec les aliens, un président souriant, une intelligence artificielle raide défoncée, et une télé qui lance ses pubs dans nos rêves. De la haine, du fiel, du rire qui grince et fait grincer et un max de grossièretés: J’adôôre ! Une réplique: Quelle que la soit la grandeur de l’idée qui les rassemble, les gens sont petits, faibles, mesquins et inquiets. Ce sont les gens qui tuent les révolutions.
GAI-LURON (Gotlib/fluide junior): Pendant franchouillard de Garfield, Gai-Luron emprunte également au Droopy américain. C’est dans cette série de gags que Marcel Gotlib va développer son sens de la dérision et du décalage. Enfant je lisais Les X-Men, Corto ET Gai-Luron. Je lisais aussi le reste mais j’étais le seul à lire « ça ». Et pourtant ce chien mélanclique et son unique correspondant Jean Pierre Liegeois sont devenus cultes. Les sautes d’humeur de Jujube à la venue du printemps sont quant à elles restés proverbiales et que dire des attermoiements amoureux du héros? En contraste définitif avec ce qui se lit aujourdhui, Gai-Luron est verbeux, riche en vocabulaire et en jeux de mots improbables. Les occasions ne manquent pas pour faire réference au cinéma et autres médias à succés, ou encore pour jouer avec les cases de la planche. L’auteur s’amuse et innove dans un laboratoire délirant. Gai-Luron trône encore sur les cartes de voeux et sur les papiers à lettres. Son air endormi et sa silhouette est célèbre mais fait il encore rire? Moi oui, et c’est là le principal! Une réplique: Tu as ri le premier Gai-Luron! Tu as donc une tapette, c’est le jeu! Gai-Luron: J’ai horreur des jeux brutaux!
LES TRAUMATISMES (partie 1)
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